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Monaco : Dans la retraite des riches, les travailleurs doivent se battre pour la leur
Jeudi 21 juin les travailleurs répondant à l'appel de l'Union des syndicats monégasques, l'USM, unique syndicat de la principauté, ont défilé dans les rues de Monaco, pour s'opposer à la réforme des retraites que le gouvernement local s'apprête à voter en septembre prochain et pour réclamer des augmentations de salaire.
Plus d'un millier de salariés se sont rejoints dans un cortège unique jusqu'au siège des affaires sociales, près du port Hercule. Sous une lourde chaleur estivale, éboueurs, fonctionnaires des administrations, employés des parkings, personnels hospitaliers, travailleurs de l'hôtellerie de luxe, croupiers du casino, mais aussi travailleurs du bâtiment et d'autres secteurs privés ont défilé.
Un tel défilé ne s'était pas vu depuis la grève générale du 16 avril 2009. Cette réforme des retraites en principauté rappelle la loi Fillon dont elle s'inspire largement. Les prélèvements sociaux seront augmentés et le point d'indice, qui sert au calcul du montant de la pension, sera bloqué. D'après les calculs de l'USM, pour maintenir le même niveau de pension de retraite, il sera nécessaire de travailler plus longtemps. Par exemple un travailleur âgé de 30 ans touchant aujourd'hui un salaire brut de 2000 euros verra sa retraite amputée de 10 %, alors qu'il aura cotisé 3 500 euros de plus d'ici l'âge de 60 ans. Pour toucher la même pension qu'avant la réforme, il devra travailler trois années de plus.
Le gouvernement et le patronat monégasques justifient leur réforme par des prévisions économiques qui concluent à la faillite du système en... 2030 ! En attendant, le système de retraite est bel et bien bénéficiaire et dispose même d'un fonds de réserve de 1,2 milliard d'euros, qui équivaut à sept ans de versement des pensions.
Près de 50 000 personnes viennent chaque jour de France et d'Italie travailler à Monaco et font de ce micro-État monarchique de la Côte d'Azur le plus gros pôle d'emploi des Alpes-Maritimes, sans d'ailleurs que la région ni le département profitent de quelque retombée fiscale de cette richesse. Ce paradis pour riches, qui y viennent du monde entier pour afficher dans leurs yachts et voitures de luxe leur indécente fortune en temps de crise, attire par sa fiscalité avantageuse de nombreuses entreprises, et pas seulement dans le luxe.
Les salaires y sont plus avantageux qu'en France, en grande partie à cause du faible taux de cotisations sociales. Cet avantage est un trompe-l'oeil, car les loyers sont si exorbitants à Monaco qu'il est impossible de s'y loger et tous ceux qui y travaillent doivent venir de loin. D'autre part, le droit de travail est à minima, et les syndicats constatent l'érosion des salaires par rapport à l'inflation depuis quelques années.
C'est à côté de ces grandes fortunes venues échapper à l'impôt que l'on voudrait faire croire aux travailleurs qu'il n'y aura pas moyen d'assurer leur retraite et que les caisses sont menacées de faillite. Les manifestants ont montré qu'ils n'étaient pas dupes de ce mensonge grossier.