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Guadeloupe : Les jeunes du journal Rebelle en butte aux tracasseries policières et judiciaires
Le 13 juin une centaine de jeunes, de parents, de militants politiques et syndicaux ont manifesté devant le tribunal de Pointe-à-Pitre. Le 27 juin, un meeting est prévu avec le soutien d'une série d'organisations de gauche, d'extrême gauche, de syndicats membres du LKP, de Combat Ouvrier, pour « la liberté d'expression ». Cela afin de soutenir deux jeunes du journal Rebelle convoqués au tribunal.
Le journal Rebelle a été créé en 2008 par un groupe de jeunes dont certains avaient participé aux manifestations anti-CPE. Plusieurs d'entre eux sont aussi membres du groupe trotskyste antillais Combat Ouvrier (UCI- Union communiste internationaliste). Depuis près de quatre ans, ce petit journal dénonce bien des injustices. Et notamment l'autoritarisme dont font preuve bon nombre de proviseurs et principaux de collège à l'égard des jeunes, les conditions de délabrement des bâtiments scolaires. Ils dénoncent aussi le sexisme dont sont victimes les jeunes filles de la part de la hiérarchie.
À plusieurs reprises des jeunes de Rebelle ont mobilisé les lycéens et les étudiants, notamment pendant la grève générale de 2009 et lors de plusieurs grèves lycéennes.
Même s'il reste un petit groupe minoritaire, cette équipe de jeunes s'attire la sympathie d'une bonne partie des lycéens et des étudiants de Guadeloupe. Tout cela, ajouté au ton persifleur et critique du petit journal, met dans l'embarras les responsables de l'Éducation nationale, jusqu'au recteur.
Ce dernier, certains proviseurs et aussi la préfecture veulent faire taire Rebelle. Par exemple, ceux qui portent le t-shirt « rebelle », ceux qui ont le journal en main sont mis à l'index et convoqués chez les proviseurs. À coups d'interpellations et d'assignations en justice, ils tentent d'intimider et de décourager les principaux animateurs du groupe.
C'est ainsi que le proviseur du lycée de Baimbridge a plusieurs fois porté plainte contre deux animateurs de Rebelle. À deux reprises le procureur a classé ces plaintes sans suite. Mais le 18 mai, une quarantaine de jeunes s'est retrouvée sur les marches du commissariat pour accompagner une de leurs camarades et son père convoqués à la police pour interrogatoire. La police, bottée, casquée, avec boucliers, a chargé sans ménagement à coups de matraque, flash-ball brandis. Ils ont plaqué au sol l'un d'entre eux, Raphaël Cécé, et l'ont emmené au poste sans ménagement. Ce dernier est accusé par eux d'avoir dit « si l'un d'entre nous tombe, ce seront deux d'entre eux qui seront à terre ». Propos qu'il a toujours nié. Mercredi 13 mai, il était convoqué au tribunal de Pointe-à-Pitre pour y être jugé. Mais lui et ses avocats ont demandé le report de l'affaire qui passera finalement le 16 janvier 2013. Un autre jeune, Sony Laguerre, est convoqué aussi devant le tribunal le 10 octobre prochain.
Le soutien à ces deux militants de Rebelle et de Combat Ouvrier a en tout cas commencé à s'exprimer.