Législatives : Le Parti socialiste assuré d'une majorité, mais laquelle ?13/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2289.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Élections législatives

Législatives : Le Parti socialiste assuré d'une majorité, mais laquelle ?

Les résultats du premier tour des élections législatives indiquent que Hollande est d'ores et déjà assuré d'avoir une majorité à l'Assemblée nationale.

Reste cependant ouverte la question de la « cohérence » de cette majorité -- pour reprendre l'expression de Ayrault --, ou, plus brutalement, le Parti socialiste disposera-t-il à lui seul de la majorité ?

Le gouvernement en place se dépêche en tout cas de prendre des décisions symboliques susceptibles de mobiliser l'électorat de gauche qui, pas plus que celui de la droite, ne s'est guère mobilisé au premier tour, à en juger par l'abstention record. C'est ainsi que le conseil des ministres devrait décider du plafonnement des salaires des patrons des grandes entreprises contrôlées par l'État et proposer un projet de loi sur le harcèlement sexuel. Cela s'ajoute au retour partiel à la retraite à 60 ans qui concerne un salarié sur cinq, décision qui, en même temps, entérine pour tous les autres les « réformes » Sarkozy contre les retraités.

Tout au long de la semaine, ce fut la sarabande des accords de désistement. Bien malin celui qui trouverait une logique politique dans ces accords tant ils constituent un mélange, parfois explosif, de préoccupations d'appareils politiques, de plans de carrière personnelle de politiciens professionnels, sans parler de la pièce de boulevard qui se joue à La Rochelle.

On peut cependant accorder un certain crédit, à droite, à une Nadine Morano, en situation électorale difficile, lorsqu'elle clame qu'elle partage avec le Front national des « valeurs communes ». Il n'est pas sûr que le FN décroche des places de députés, mais Marine Le Pen aura marqué des points dans sa stratégie d'attirer sous son influence une partie de l'UMP où la guerre des chefs, pour prendre la succession de Sarkozy, n'a été freinée que par la campagne électorale.

Si la gauche est majoritaire dans la prochaine Assemblée nationale, le Front de gauche et, derrière lui, le Parti communiste font grise mine. Selon toute probabilité, ils se retrouveront moins nombreux encore dans la prochaine assemblée qu'ils l'étaient dans la précédente. Le temps du triomphalisme et de la « prise de la Bastille » aura fait long feu. S'être effacé derrière Mélenchon n'aura même pas rapporté la récompense de quelques places de députés en plus.

L'Humanité, nostalgique, a publié un graphique avec pour titre « Proportionnelle intégrale : à quoi ressemblerait l'Assemblée après le scrutin du 10 juin 2012 », où le Front de gauche occuperait 41 sièges alors que, pour le moment, il n'est même pas sûr d'avoir les 15 députés nécessaires pour former un groupe parlementaire.

Eh oui, le mode de scrutin est passablement injuste ! Faut-il rappeler que, si la gauche a instauré une fois la proportionnelle, qui était loin d'être intégrale, elle n'a depuis jamais tenté de la rétablir.

Si Hollande pouvait avoir besoin du PC, ce ne serait donc pas en raison de l'arithmétique parlementaire mais pour des raisons politiques.

Les dirigeants du Parti socialiste savent parfaitement qu'après les quelques gestes de la campagne électorale, une fois les élections terminées, ils auront à mener une politique d'austérité. Ils ont un intérêt politique évident à désamorcer le mécontentement et la colère que leur politique risque de provoquer dans les classes populaires.

Pour cela, le gouvernement aura surtout besoin de la collaboration des appareils syndicaux, et en particulier de celui de la CGT. Mais, avec le départ annoncé de Thibault et la guerre de succession qui se déroule à la tête de la confédération, les choses se compliquent. Un ou deux ministres du PC ne permettraient pas de résoudre la difficulté, mais un peu quand même.

La direction du Parti communiste a-t-elle intérêt à répondre favorablement à une sollicitation éventuelle de Hollande ? Certains de ses dirigeants en sont manifestement convaincus. Ce serait dans la logique des choses, la participation gouvernementale étant la seule perspective politique du PC, même si la direction avait vraiment du mal à convaincre ses militants que cela « pèserait sur la politique du gouvernement », comme elle a tenté d'en convaincre son électorat pendant la campagne.

Mais il n'est pas dit que l'idée d'une participation au gouvernement de ministres du Parti communiste séduise l'ensemble de l'appareil. Le PC a beau avoir perdu beaucoup de positions, les législatives en cours en fournissent une illustration de plus, il a encore des positions à perdre dans une multitude d'institutions (municipalités, conseils généraux, conseils régionaux, etc). Et, sachant que participer à un gouvernement qui prendra des mesures d'austérité risque de se payer sur le plan électoral, nombre de responsables peuvent estimer que, pour avoir une ou deux places de ministres, le jeu n'en vaut pas la chandelle.

Le Parti communiste a prévu des réunions centrales en cascade dès le lendemain du deuxième tour, consacrées précisément à l'éventualité d'une participation gouvernementale. On verra ce qui en sortira.

La « bulle de savon Mélenchon » éclatée, le PC continue son long recul au profit du PS sans discontinuité depuis l'alignement de Marchais derrière Mitterrand. Ce que l'on peut souhaiter, c'est que cela ne démoralise pas un nouveau contingent de militants ouvriers du Parti communiste et ne les pousse pas à abandonner l'activité militante, mais les incite au contraire à se poser les bonnes questions sur la politique que leur propose leur direction.

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