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Élections législatives
Profession de foi
Il est important que le courant communiste révolutionnaire s'exprime aussi dans ces élections législatives, pour que les travailleurs, les exploités, ne soient pas contraints de choisir entre des candidats qui, avec des nuances de langage, acceptent et justifient l'ordre social existant.
Le président des riches a été contraint de partir, mais le nouveau président n'est pas pour autant le président des pauvres
L'électorat populaire, qui voulait se débarrasser de Sarkozy, peut se réjouir d'avoir contribué à sa chute. Les motifs de satisfaction se limiteront à cela.
Car, Sarkozy parti, restent les maîtres : le grand patronat, les banquiers, les grands groupes industriels et financiers qui ont fait la pluie et le beau temps sous la présidence de Sarkozy. Tout comme ils l'ont fait du temps de ses prédécesseurs et comme ils continueront à le faire sous son successeur.
Le Parti socialiste, majoritaire au Sénat, vient d'obtenir la présidence de la République et il est en campagne pour obtenir la majorité à l'Assemblée nationale. Il occupera donc tous les rouages électifs des institutions du pays.
Mais les classes populaires ne tarderont pas à constater que les socialistes ne sont pas plus capables de juguler la crise qu'ils ne sont décidés à défendre les salariés contre le grand capital. Il n'est possible de défendre les travailleurs contre les licenciements et l'abaissement de leur niveau de vie qu'en prenant des mesures contraignantes contre le grand patronat. Ce que le Parti socialiste ne veut ni ne peut faire.
L'électorat populaire a pu constater au fil du temps et des changements de majorité que, même lorsque la gauche remplace la droite, l'emploi des travailleurs, leur pouvoir d'achat, leurs conditions de vie ne sont pas plus protégés.
C'est le constat que les alternances ne changent pas la politique menée qui a fait le succès du Front national. Le Front national s'en prend avec virulence au « système ». Mais il voudrait en faire partie en s'intégrant dans une majorité de droite ou, plus ambitieux, en en devenant la principale composante. C'est une supercherie. Le « système » que le Front national dénonce, c'est uniquement la domination politique de deux grands partis, le Parti socialiste à gauche et l'UMP à droite. Mais il n'est pas question pour le Front national de dénoncer le système social, la domination de la minorité capitaliste sur la société. L'extrême droite est, au contraire, un défenseur de l'exploitation capitaliste et l'ennemi de tout mouvement ouvrier, de la lutte de classe des exploités. Elle véhicule des idées réactionnaires qui désarment les travailleurs, à commencer par la division qu'elle cherche à introduire entre travailleurs en fonction de leurs origines et de leur nationalité.
L'extrême droite associée au pouvoir, c'est Sarkozy en pire, les droits syndicaux réduits, la discrimination envers une partie de la classe ouvrière, les travailleurs immigrés, la mise au pas des travailleurs.
Les exploités ne pourront se défendre efficacement qu'en prenant conscience de leurs intérêts d'exploités et en réalisant que, derrière les politiciens interchangeables, leur véritable ennemi est la classe des capitalistes.
Affirmer les exigences du monde du travail
Nous, Lutte Ouvrière, appelons toutes celles et tous ceux qui ont voté pour Nathalie Arthaud à confirmer leur vote et à affirmer la présence du courant communiste révolutionnaire, y compris au niveau local. Au-delà de ceux qui ont voté pour Nathalie Arthaud, nombre d'électeurs des classes populaires se sont retrouvés dans les objectifs de lutte qu'elle a avancés, à savoir :
Interdiction des licenciements et répartition du travail entre tous, sans diminution de salaire, le financement du tout prélevé sur les profits des groupes industriels et financiers et sur les revenus de leurs gros actionnaires. : Imposer à l'État la création d'emplois utiles à tous dans les services publics et la réalisation de grands travaux, comme la construction de logements sociaux. : Augmentation générale des salaires et des retraites, indexés automatiquement sur les hausses de prix. : Imposer le contrôle des entreprises par les travailleurs et par la population, et exiger la suppression du secret industriel, bancaire et commercial, à l'abri duquel les capitalistes préparent tous leurs mauvais coups. : Tous ceux qui approuvent ces revendications et souhaitent qu'elles soient mises en tête des futures luttes du monde du travail, y compris ceux qui, à l'élection présidentielle, ont fait un autre choix que de voter pour Nathalie Arthaud, peuvent se saisir de l'occasion offerte par les législatives pour affirmer leur accord avec ce programme de lutte, en votant pour Lutte Ouvrière.
Lutte Ouvrière présente des candidats dans toutes les circonscriptions du pays.
Nous ne nous présentons pas sur la base de revendications locales. Les problèmes les plus dramatiques des salariés, la menace de licenciement, le chômage, la baisse du pouvoir d'achat, la détérioration des services publics, ne sont pas des problèmes locaux. Leur solution ne l'est pas davantage.
La crise oppose clairement les intérêts de la classe capitaliste à ceux des travailleurs. L'ensemble de la classe ouvrière a la force pour faire reculer le patronat. Tout en soulignant que les problèmes sont des problèmes collectifs à l'échelle du monde du travail, nous nous ferons les interprètes des problèmes particuliers des classes exploitées de la circonscription, des salariés bien sûr mais aussi de tous ceux -- commerçants, artisans, petits paysans -- qui n'exploitent personne mais qui subissent la loi des banques et des grands groupes capitalistes.
Ne pas laisser à la droite et à l'extrême droite le monopole de l'opposition
L'arrivée du Parti socialiste à la tête de l'État poussera la droite dans l'opposition à donner de la voix. Elle sera d'autant plus virulente qu'elle aura à faire oublier les cinq ans de présidence de Sarkozy.
À plus forte raison, l'extrême droite se posera encore plus bruyamment en défenseur du monde ouvrier.
Il ne faut pas leur laisser le monopole de la protestation. Leur agitation se fera autour d'idées opposées aux intérêts des travailleurs.
Ne nous laissons pas piéger, une fois de plus, par le « vote utile ». Un député socialiste de plus ou de moins ne changera rien au fait que l'Assemblée nationale est une chambre d'enregistrement impuissante face au pouvoir de l'argent.
Les votes en faveur des candidats qui défendent en toute circonstance les intérêts matériels et politiques des travailleurs constitueront un avertissement au gouvernement socialiste, montrant qu'il y a une autre opposition, qui vient des classes exploitées et qui refuse que les intérêts des travailleurs soient piétinés.
Les travailleurs, les classes populaires ne pourront préserver leurs conditions d'existence en cette période de crise qu'en se méfiant des charlatans de la politique, qui veulent bien être élus grâce à leurs voix mais qui ne veulent pas toucher aux privilégiés.
La direction du Parti socialiste et celle du Parti communiste ont abandonné depuis longtemps les perspectives et le programme qu'elles défendaient à l'origine. Ces perspectives reposaient sur la conviction que les travailleurs, qui produisent tout dans cette société et qui la font fonctionner, sont capables de la diriger sans avoir besoin d'une couche de riches, une couche parasite qui prélève sa dîme et dont la concurrence mine l'économie et la conduit périodiquement dans des crises dramatiques pour l'humanité. Leur politique découlait de cette perspective et visait à organiser les travailleurs pour qu'ils prennent le pouvoir et réorganisent l'économie sur la base de la propriété collective des moyens de production.
En abandonnant cette perspective, les directions du Parti socialiste et du Parti communiste ont contribué à la perte de toute conscience de classe, de tout repère, pour les travailleurs. En abandonnant la défense des exploités pour les ranger derrière « l'intérêt de la France », en abandonnant l'internationalisme pour le nationalisme, le drapeau rouge pour le drapeau bleu-blanc-rouge, elles ont servi la soupe à la droite et à l'extrême droite.
Le socialisme et le communisme renaîtront pourtant, car le capitalisme et l'exploitation ne peuvent pas être l'avenir de la société. Mais ils ne pourront renaître que sur la base de la lutte des classes exploitées pour leur émancipation sociale !
Pour peser sur la vie politique, il faut que les travailleurs s'affirment en tant que force indépendante des forces politiques liées à la bourgeoisie. Pour cela, ils ont besoin d'un parti qui défende réellement les intérêts politiques et matériels des travailleurs et dirige efficacement les luttes.
Voter Lutte Ouvrière
c'est affirmer la volonté des exploités de reconstituer une force politique qui n'hésite pas à lever le drapeau de l'émancipation sociale, c'est voter communiste !