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- Lutte ouvrière n°2288
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Dans le monde
Italie : Les tremblements de terre en Émilie Les travailleurs au premier rang des victimes
Les secousses sismiques se succèdent en Émilie, au nord de l'Italie. Après le tremblement de terre du 20 mai, un autre s'est produit le 29 mai au matin et l'on atteint maintenant les 25 morts, auxquels s'ajoutent des destructions incalculables. On sait que le territoire italien est en très grande partie sujet aux tremblements de terre, mais il se trouve que la zone touchée, justement, n'était pas classée parmi celles à plus forte probabilité sismique. Elle faisait donc encore moins que d'autres l'objet de précautions dans les constructions.
Parmi les victimes, plus de la moitié sont des ouvriers qui au moment des séismes étaient au travail dans leurs entreprises, en réalité de simples hangars construits sans précautions et qui se sont écroulés sur eux comme des châteaux de cartes. Trois sont morts dans la nuit du samedi 19 au dimanche 20 mai, alors qu'ils effectuaient l'équipe de nuit. Mais ils ont été encore une dizaine le 29 mai.
En effet le séisme s'est produit à 9 heures du matin, alors que beaucoup travaillaient à la remise en état de fonctionnement de leurs entreprises, dont les bâtiments avaient été déclarés encore utilisables après le séisme précédent. Cette fois, ceux-ci se sont définitivement écroulés.
C'est que dans cette zone existe une forte densité de moyennes entreprises travaillant en grande partie pour l'exportation, allant des céramiques pour le bâtiment au matériel biomédical. La pression des employeurs est forte pour que la production reprenne au plus vite. Les pages des journaux sont remplies de leurs lamentations sur le chiffre d'affaires perdu pour le pays du fait des arrêts de production dus aux tremblements de terre.
Non seulement on a donc construit des usines prêtes à s'écrouler à la moindre secousse, mais on voudrait maintenant, alors que la terre continue de trembler, que les ouvriers retournent au plus vite se mettre aux machines, au péril de leur vie. Le syndicat CGIL a dénoncé le 5 juin l'attitude de certains patrons. Dans des usines n'ayant pas obtenu de la Protection civile la certification leur permettant de reprendre l'activité, ils faisaient signer aux ouvriers une décharge de responsabilité pour les dommages qu'ils pourraient subir en retournant malgré tout travailler dans leur usine branlante. On imagine quels chantages à l'emploi ont pu s'exercer dans ce cas.
Des enquêtes ont été ouvertes sur les conditions dans lesquelles de tels hangars-usines ont pu être construits. On imagine qu'elles dureront longtemps, et que de nombreux travailleurs pourront encore y mourir au nom de la reprise coûte que coûte de la production.