Pour le 10 juin, premier tour du scrutin des législatives, on entend déjà de nombreuses voix de la gauche gouvernementale appeler à « voter utile », pour donner à celle-ci une majorité à l'Assemblée nationale.

À présent que Sarkozy a été remercié, une « vague rose » à ces élections est plus que probable. Cependant une majorité de députés pour Hollande, si elle permettra à celui-ci de mener sa politique, ne fournira en aucune façon une garantie pour le monde du travail, exposé de plein fouet aux appétits du monde de la finance.

Le programme électoral de l'actuel président était vide de promesses sur ce plan, et on peut lui faire confiance pour s'y tenir. Car de toute façon, pour protéger leur seule richesse, l'emploi, pour arrêter la fonte de leur pouvoir d'achat, les travailleurs ne peuvent compter sur l'Assemblée, quand bien même y figureraient quelques députés du Parti socialiste de plus. La gauche gouvernementale ne veut ni ne peut empêcher les banques de vouloir maintenir à tout prix leurs profits, ni les firmes du CAC 40 de rechercher la rentabilité maximum au prix de suppressions d'emplois continuelles, ni les investisseurs d'exiger des taux de rentabilité de 15 ou 20 %, même s'ils signifient la précarité et l'appauvrissement pour le plus grand nombre.

Elle ne le veut pas, car il faudrait s'en prendre au pouvoir et aux possessions des capitalistes de l'industrie et de la finance. Elle ne le peut pas, car seule la masse des salariés et chômeurs mobilisés et déterminés pourrait imposer l'interdiction des licenciements, le partage du travail entre tous, l'indexation des salaires sur les prix, et aurait la possibilité d'aller exercer leur contrôle sur la comptabilité des patrons et sur leurs comptes en banque.

On n'entendra malheureusement pas ces revendications sur les bancs du Palais-Bourbon, car il y a peu de chances, vu le mode de scrutin, qu'un ou une candidate de Lutte Ouvrière puisse y siéger. Mais les votes pour leurs candidatures auront ce sens : faire entendre les exigences du monde du travail, qui n'ont pas de raison de se taire avec le départ de Sarkozy.

D'autant que, la crise continuant, les attaques des capitalistes ne cesseront pas, au contraire. Mais, face à la gauche gouvernementale présente à l'Élysée, à Matignon, au Sénat, à l'Assemblée, à la tête des grandes agglomérations, quelle couleur aura la voix de l'opposition ? Celle de l'UMP décomposée ou recomposée ? Pire, celle du Front national qui, à travers ses diatribes, s'en prendra en fait aux travailleurs immigrés, aux plus pauvres, aux militants ouvriers ?

Il faut affirmer l'existence d'un courant communiste qui conteste le pouvoir des capitalistes. Il faut exprimer l'urgence des exigences du monde du travail, maintenir levé le drapeau des luttes nécessaires. C'est pourquoi les votes pour les candidates et les candidats de Lutte Ouvrière devront être, le 10 juin, les plus nombreux possible.