Procès Kerviel : Quand le cave se rebiffe03/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2283.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Procès Kerviel : Quand le cave se rebiffe

Jérôme Kerviel, le trader condamné par la justice pour avoir fait perdre en 2008 à son employeur la Société générale 4,9 milliards d'euros, a riposté en déposant deux plaintes contre la banque.

Au moment de son procès, il avait été accusé de tous les maux : on lui reprochait même d'avoir menacé l'ensemble du système et d'avoir « porté atteinte à l'ordre économique mondial ». Il fut alors condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, et à verser à la Société générale le montant de sa perte, soit 4,9 milliards d'euros, 170 000 fois son salaire ! Grand seigneur, la Société générale avait renoncé à cette dernière disposition, de toute façon irréalisable.

Cette mise en scène avait surtout pour but de dédouaner la Société générale et même l'ensemble du système bancaire après la débandade de l'automne 2008, qui avait vu l'État voler au secours de ces banques en déroute, une opération pour laquelle des milliards avaient été utilisés. Le procès Kerviel, en 2010, venait donc à point nommé, jetant en pâture un bouc émissaire.

Mais Kerviel a fait appel et le nouveau procès arrive en juin. Il attaque à son tour la Société générale pour escroquerie et l'accuse d'avoir caché au moment de son premier procès qu'elle avait récupéré 1,7 milliard d'euros sur les 4,9 milliards, par le biais d'un dispositif fiscal payé par l'État. La banque aurait donc majoré ses pertes pour l'enfoncer. Et c'est une nouvelle fois au contribuable que la note est présentée, puisqu'avant tout jugement l'État prévoit de renflouer n'importe quelle banque en cas de perte.

Kerviel ne s'arrête pas là. Il avait toujours affirmé avoir réalisé ses opérations hasardeuses sous couvert de sa hiérarchie. Il a déposé une plainte pour faux et usage de faux. Lors du procès, la Société générale s'était servie d'un enregistrement vidéo réalisé à l'insu de Kerviel, lorsque ce dernier avait été convoqué par sa direction pour s'expliquer. Il accuse maintenant sa hiérarchie d'avoir tronqué la bande et d'avoir retiré de cette dernière les passages où il incriminait l'un de ses supérieurs.

La plupart de ces traders, lorsqu'ils prennent des risques, le font sous couvert de leur hiérarchie. Le krach de 2008 a montré à quel point les banquiers transforment les places financières en casino, en jouant avec l'argent de leurs déposants. Elles continuent de le faire aujourd'hui encore, comme le montrent les spéculations sur la dette des États. Si le second procès Kerviel peut lever un voile sur les agissements des banquiers, tant mieux. Mais ce sera aux travailleurs et principalement aux employés de banque de lever le secret bancaire et de faire le vrai procès des banquiers et de leurs actionnaires.

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