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Pays-Bas : Manoeuvres politiciennes et austérité
Aux Pays-Bas, le gouvernement du Premier ministre chrétien-démocrate Mark Rutte prévoyait, dans son projet de budget 2013 en discussion depuis des semaines, de diminuer les dépenses publiques de 14,4 milliards d'euros, en amputant en particulier les budgets sociaux. Tout cela pour ramener le déficit budgétaire sous le plafond de 3 % du PIB l'année prochaine. Mais pour voter ces mesures antipopulaires, qui ressemblent à ce que font bien d'autres gouvernements en Europe, il avait besoin du soutien du très mal nommé Parti pour la liberté (PVV) du leader d'extrême droite Geert Wilders. Or celui-ci, en chute brutale dans les sondages, a refusé de cautionner ces mesures.
Après avoir soutenu au Parlement le gouvernement pendant un an et demi, Wilders espère maintenant se refaire une santé en faisant campagne contre le « diktat de Bruxelles » et pour la sortie de l'euro. Cela a conduit à la démission, le 23 avril, du gouvernement de Mark Rutte, qui n'avait pas trouvé d'autre appui parlementaire, et à l'annonce de nouvelles élections législatives anticipées pour début septembre.
Ce mélodrame parlementaire n'a pas empêché que trois jours plus tard, le 26 avril, il se trouve au Parlement une coalition hétéroclite de plusieurs partis, allant des conservateurs au parti écologiste de la Gauche verte et rouge, pour approuver un plan d'austérité de 12,3 milliards d'euros présenté par le même Mark Rutte, qui continue de gérer les affaires courantes jusqu'au prochain scrutin. Et ce plan reprend une grande partie des mesures du plan précédent : gel des salaires des fonctionnaires, relèvement du taux de TVA de deux points, entrée en vigueur plus tôt que prévu de l'âge de la retraite à 66 ans, économies dans le domaine de la santé.
Aujourd'hui, selon les sondages les plus récents, tous les partis qui ont gouverné récemment seraient en recul et ce serait le Parti socialiste, une organisation d'origine maoïste, qui verrait ses suffrages augmenter de façon significative et pourrait peut-être jouer un rôle clé dans une future coalition gouvernementale. Alors, tant mieux si les partis qui ont soutenu à un titre ou à un autre les plans d'austérité appliqués depuis des années prennent une claque dans les urnes. Mais dans le programme du Parti socialiste (intitulé Des Pays-Bas meilleurs avec moins d'argent) on trouve pêle-mêle, à côté d'une dénonciation du « capitalisme de casino », une critique de l'euro, la mise en cause des élites, une augmentation du nombre de policiers, la lutte contre les embouteillages, la défense des animaux à fourrure, la légalisation de la culture du cannabis, etc. Bref, un salmigondis destiné à rassembler des voix tout azimut, mais pas à armer les travailleurs avec des revendications claires, pour faire face à la période difficile qui s'annonce.
Aux Pays-Bas comme ailleurs, un avenir favorable pour la population laborieuse ne sortira pas des urnes mais de sa capacité à se défendre pour ne pas payer la crise à la place de ceux qui en sont responsables : les banques et le grand capital industriel et financier.