Les grands groupes de la distribution et les industriels de l'agro-alimentaire font mine de se faire la guerre des prix, chacun accusant l'autre d'être responsable des hausses.

Sous prétexte de lutter contre l'inflation, ils déploient aussi des trésors d'imagination dont l'objectif est de faire payer toujours plus les consommateurs. L'association 60 millions de consommateurs dénonce dans son numéro de mai des pratiques qui auraient vu le jour en 2008-2009, au moment de la flambée du prix de nombreuses matières premières. Pour que les augmentations des prix soient réelles tout en n'apparaissant pas sur l'étiquette, les capitalistes du secteur ont alors choisi de réduire la quantité de produit.

Aujourd'hui la formule a fait recette. 60 millions de consommateurs donne l'exemple des sirops Teisseire, dont le contenu est passé de 75 cl à 60 cl, et cite le Carrefour de Breuillet dans l'Essonne où le prix a baissé de cinq centimes, ce qui correspond en fait à une augmentation du prix au litre de... 23 %. Une autre technique consiste à annoncer une nouveauté comme cette pizza de la marque Buitoni « encore plus savoureuse » dont le prix n'a pas baissé, voire a même augmenté, alors que la pizza ne pèse plus que 570 g contre 600 g avant. Autre astuce commerciale : le paquet de Chocapic de la marque Nestlé contient maintenant 15 % de céréales chocolatées en plus mais, selon Nestlé lui-même, le prix au kilo a augmenté de 17 %. Le même Nestlé a réussi à réduire de 900 g à 800 g les boîtes de lait en poudre Guigoz et Nestlé Nidal, en créant un compartiment séparé pour y mettre une cuillère-mesure. Résultat, le paquet a la même hauteur que les boîtes de la concurrence et Guigoz se félicite d'avoir maintenu ses parts de marché.

60 millions de consommateurs épingle d'ailleurs le groupe Nestlé, numéro un mondial du secteur, en indiquant que plus de la moitié des marques qui pratiquent cette inflation masquée (Buitoni, Mousline, Chocapic, Herta, etc.) appartiennent à ce trust.

Cette entourloupe ne concerne pas que les aliments. Même aux WC l'inflation peut se cacher dans... le diamètre du cylindre de carton au centre du rouleau de papier hygiénique. Une marque a élargi de 4 mm le diamètre de ce rouleau, et le poids du paquet est passé de 765 g à 699 g.

Décidément, pour tromper les consommateurs, les capitalistes savent rivaliser avec le plus minable des escrocs.