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- Lutte ouvrière n°2283
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Leur société
Des milliards pour les banques, l'austérité pour les populations
Selon la presse, les autorités européennes s'interrogeraient sur la destination des 1 000 milliards d'euros que la Banque centrale européenne a prêtés pour une durée de trois ans et à un taux de 1 % -- taux deux fois moins élevé que celui de l'inflation -- aux banques européennes.
À l'origine, cette opération en deux temps -- environ 500 milliards en décembre, et à nouveau 500 milliards en février -- avait été présentée par Mario Draghi, président de la BCE, comme de nature à permettre aux banques d'une part d'ouvrir les robinets du crédit aux entreprises et aux ménages, donc de favoriser un redémarrage de l'économie, d'autre part d'acheter des obligations des États européens, donc de réduire la pression sur leurs taux d'intérêt.
Si les milliards qu'elles ont empruntés à la BCE ont permis à des banques espagnoles, en achetant des obligations émises par l'État espagnol, et à des banques italiennes, en achetant des obligations de l'État italien, de faire baisser leurs taux d'intérêt, et donc de calmer le jeu de la spéculation, ce ne fut que pour un temps. Rapidement, avec la dégradation rapide de la situation économique de ces deux pays, ils sont repartis de plus belle à la hausse.
Mercredi 25 avril, le président de la BCE reconnaissait, devant les parlementaires européens, que les liquidités déversées sur les banques « n'irriguaient pas l'économie réelle aussi rapidement qu'espéré ». C'est peu dire. Car, loin d'ouvrir les vannes du crédit, les banques les ont plutôt resserrées. Selon la BCE elle-même, globalement, le flux de prêts accordés aux entreprises en février a diminué... de trois milliards.
Alors, interroge la Commission européenne, qu'est-ce que les banques ont fait de cet argent ? Certaines dit-on en auraient mis de côté une partie, d'autres s'en seraient servies pour rembourser des dettes. En fait, ce qui est significatif, c'est que personne, ni la BCE, ni la Commission, ni les gouvernements européens, n'en sait rien et, probablement, n'en saura rien, secret bancaire et commercial oblige. Et que tout cet argent a été prêté sans qu'aucune condition ni contrainte soit imposée aux banquiers. Comme l'écrit Le Monde, « à ce jour, aucun contrôle n'était prévu. Et, hormis le montant des prêts obtenus par chaque établissement, aucune autre donnée n'est connue. »
Les banquier, qui ne veulent pas investir dans une économie -- leur économie -- sur laquelle ils ne parient pas un euro, ont pu et pourront donc en toute impunité utiliser cet argent pour spéculer sur les matières premières ou sur les dettes des États de la zone euro, au risque d'y aggraver encore la crise, comme ils l'ont toujours fait.
Pour justifier ce nouveau cadeau aux banques européennes, la BCE a invoqué la nécessité de relancer la croissance. Ce n'était qu'un prétexte. Les banques ont encaissé les milliards, mais l'économie a continué à plonger dans la récession, et les populations dans l'austérité et la misère.