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Dans le monde
Soudan : La guerre du pétrole avec la peau des peuples
La guerre ouverte menace à nouveau au Soudan. L'aviation de Khartoum a bombardé les régions frontalières entre le Nord et le Sud, désormais indépendant, et se préparerait à une offensive terrestre.
Depuis juillet 2011, le Soudan est officiellement divisé en Soudan et Soudan du Sud, le premier rassemblant quatre fois plus d'habitants que le second. En affichant leur soutien au nouvel État, dont la capitale est Djouba, les représentants des grandes puissances misaient sans doute sur une situation plus favorable à l'exploitation, par les grandes compagnies pétrolières, des énormes réserves de brut du pays. Celles-ci produisent chaque jour 470 000 barils d'or noir et rapportent chaque mois des milliards de dollars, dont les 40 millions d'habitants des deux Soudans ne voient que l'ombre. Plus de la moitié d'entre eux doivent vivre avec moins d'un dollar par jour.
Dans ce pays, troisième producteur de pétrole d'Afrique, le sol est partagé entre les immenses surfaces de terres cultivables monopolisées par l'agrobusiness et ses productions de protéagineux destinées à l'exportation pour l'alimentation animale, et les concessions pétrolifères. C'est ainsi que Total, entre autres, est à la tête d'une concession sur le bloc B, grand comme un cinquième de la France.
Après des décennies de guerres et de famines, après deux millions de morts, la partition du Soudan, loin de déboucher sur une paix hypothétique, a été l'amorce de nouvelles tensions entre le clan du président Omar El-Béchir, à Khartoum, et le gouvernement de Salva Kiir, à Djouba. C'est au Soudan du Sud que sont en effet concentrés plus des trois quarts des richesses pétrolières, tandis que les oléoducs, raffineries et le terminal portuaire permettant l'exportation sont au Nord.
Le motif invoqué pour l'intervention des troupes du Nord serait l'occupation depuis le 10 avril dernier, par des forces armées du Sud, de la zone pétrolifère de Heglig, d'où le gouvernement du Nord tire la moitié de sa production. Bruits de bottes et discours va-t-en guerre se concurrencent désormais, au Nord comme au Sud, dont l'enjeu est le partage, entre les classes dirigeantes des deux camps, des royalties que leur laissent les compagnies pétrolières. Les victimes des bombardements sont enterrées, les blessés acheminés vers de pauvres hôpitaux. Mais pour les profits des compagnies, pas de problème.