Au Technicentre du Landy, dans la nuit du mercredi au jeudi 29 mars à deux heures du matin, un travailleur a eu la main happée et écrasée par un tour, pendant une dizaine de minutes, avant que ses camarades puissent le dégager.

Dans cet atelier nommé le Tour en fosse, les rames des TGV sont tirées au-dessus du tour afin d'usiner et de reprofiler les essieux usés ou défectueux. Le tourneur doit d'abord faire enregistrer les cotes de l'essieu par la commande numérique en posant une pastille aimantée sur la roue. Alors seulement la machine se met en route. Mais comme l'ordinateur n'avait pas enregistré ces mesures, ce travailleur a dû refaire l'opération et redéposer la pastille. La machine s'est alors brusquement mise en route, happant la main de notre camarade entre le galet d'entraînement et l'essieu.

Les tourneurs avaient maintes fois informé des défauts de ce tour et de sa nouvelle commande numérique. La société ayant installé cette machine avait demandé de bloquer le tour cinq jours pour pouvoir vérifier toute l'installation. Mais elle ne s'est vu accorder par la direction de l'établissement qu'un jour et demi. Et alors que les nouveaux ordinateurs rendent la tâche plus compliquée, la direction n'a pas fait de formation. Pire, des sécurités ont été supprimées. Aujourd'hui, du fait de l'accident, le bâtiment du Tour en fosse a été fermé par l'inspection du travail jusqu'à sa mise aux normes.

La politique irresponsable de la direction du Landy, comme celle de la SNCF en général, consiste à rechercher la productivité maximum. La direction de l'établissement, pourtant au courant des dysfonctionnements du tour, a pris depuis des mois le risque d'accidents pour faire sortir la production au maximum. Elle est entièrement responsable de ce qui s'est produit.