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- Lutte ouvrière n°2280
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Nathalie Arthaud, une candidate communiste
Pour les patrons hors-la-loi : Et pourquoi pas la prison ?
Une déclaration de Nathalie Arthaud au forum du magazine Elle, le 5 avril, a fait scandale chez de nombreux commentateurs : comment osait-elle dire qu'on devrait « menacer de prison » les patrons qui ne respectent pas les lois sur l'égalité salariale entre les femmes et les hommes ?
Ces zélés défenseurs du patronat feraient bien d'abord de connaître le code du travail dont l'article L1146-1 punit « d'un emprisonnement d'un an et d'une amende de 3 750 euros le fait de méconnaître les dispositions relatives à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes » prévues par la loi. De fait, on n'a pas l'habitude de voir un tribunal prononcer une telle sentence, l'employeur s'en sortant le plus souvent à bon compte, en promettant qu'il mettra fin à l'infraction.
Mais justement, tout autant que les réactions indignées de certains journalistes, cette impunité de fait pour le patronat est révélatrice de notre société. C'est ce qu'a dénoncé Nathalie Arthaud sur son blog :
« Un patron qui ne respecte pas la loi sur l'égalité salariale, et qui vole tous les mois 100 à 200 euros sur le salaire d'une travailleuse, est un délinquant, doublé d'un récidiviste. Comme l'est le patron qui ne paye pas les heures supplémentaires, comme l'est celui qui use et abuse des stagiaires. (...)
La menace de la prison pour les patrons devrait peser pour tous les autres délits et crimes perpétrés au quotidien dans nombre d'entreprises : combien d'ouvriers travaillent dans des conditions illégales ? Combien d'accidents du travail sont maquillés en arrêts maladie par les employeurs pour ne pas avoir à payer d'amende ? Je me souviens encore de cet ouvrier, sous-traitant aux chantiers navals de Saint-Nazaire, qui se plaignait de douleurs à la suite d'une chute et qui a été évacué en toute discrétion par son chef. Il a été retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel. L'autopsie a montré que cet ouvrier est mort des suites d'une fracture du crâne. C'était en décembre dernier. Comment appeler cela, sinon de la non-assistance à personne en danger ? (...)
Et est-ce que Total a été rendu responsable de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse et a dû rendre des comptes pour avoir fait 31 morts, 2 500 blessés et 27 000 sinistrés ? Non !
Et les grandes banques, qui ont spéculé et spéculé, transformé l'économie mondiale en un gigantesque casino qui leur a rapporté des milliards, et qui ont provoqué la crise profonde dans laquelle on s'enfonce de plus en plus ! Tous les dirigeants de la planète, d'Obama à Sarkozy, ont promis qu'ils puniraient les coupables. Mais a-t-on vu des capitalistes spéculateurs passer devant les tribunaux ?
Le grand patronat est responsable de méfaits sociaux aux conséquences infiniment graves pour la société. Et, en plus de les traîner devant la justice et de les sanctionner, il faudra les exproprier, car ce sera la seule manière de leur ôter leur pouvoir de nuisance. »