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- Lutte ouvrière n°2276
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SNCF -- Orléans-les-Aubrais : Conséquence de la rentabilisation forcenée un jeune cheminot meurt au travail
Dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 mars, vers 23 h 50, sur un chantier de remplacement d'aiguillage à Toury, au nord d'Orléans, un jeune cheminot de 22 ans est mort, percuté par un train.
Tous les cheminots concernés savent que ce chantier a été « préparé » dans la plus grande précipitation et avec l'objectif de gagner le plus de temps possible. Certains ont entendu les éclats de voix des responsables locaux du chantier de Toury se plaignant de l'improvisation et du manque de moyens humains consacrés -- en particulier du peu d'annonceurs, ces cheminots chargés de prévenir de l'arrivée des trains au moyen de trompes haute puissance -- à ce changement d'aiguillage.
Productivité oblige, ce chantier, qui devait se dérouler de nuit sur trois semaines, avait été réduit à deux semaines de six nuits, rythme dénoncé à d'innombrables reprises par les syndicats de cheminots, y compris par des préavis de grève. De plus, la politique de la SNCF qui, depuis de nombreuses années, a supprimé près de la moitié des effectifs des brigades voies pour inciter fermement les cheminots à rejoindre des établissements régionaux qui interviennent partout sur ces chantiers, détériore la sécurité. Auparavant, ces chantiers étaient organisés avec des cheminots des brigades locales qui connaissaient bien le terrain, ses particularités et ses dangers. Mais on ne peut pas demander cela à des cheminots qui changent sans arrêt de lieu de travail sur plusieurs centaines de kilomètres de voies ! Et encore moins à un très jeune cheminot qui avait été embauché il y a cinq mois.
De même, les syndicats de cheminots dénoncent la multiplication du travail de nuit qui accroît les risques mais a l'avantage, pour la direction, d'améliorer la fameuse « productivité » car il y a moins de circulation de trains la nuit. Certains cheminots de la Voie d'Orléans se sont vu fermement proposer par leur hiérarchie quarante semaines de travail de nuit en 2012 !
Tous ces facteurs, combinés avec la pression de faire toujours plus vite et la fatigue liée au travail de nuit sur des chantiers souvent insuffisamment éclairés, conduisent à des risques graves et évidents résumés par un camarade qui l'a crié à la face du dirigeant national de l'Infra SNCF : « On n'en peut plus de venir travailler avec la peur au ventre ! »
En moins de trois semaines, à la SNCF, trois cheminots de la Voie -- ceux qui entretiennent les installations ferroviaires en état pour que les trains puissent circuler en sécurité -- sont morts au travail, dont deux la nuit.
Cela n'a rien d'une fatalité, mais cela découle des effectifs qui baissent toujours, des conditions de travail qui se dégradent, de la pression à la productivité, des menaces à peine voilées pour expliquer aux cheminots qu'ils coûtent bien plus cher que le privé, et que, si cela ne change pas, ils n'auront bientôt plus de travail. On ne peut accepter que des cheminots perdent la vie au travail pour cause de rentabilisation !