À Florange, depuis le 20 février, la mobilisation des sidérurgistes à l'appel de l'intersyndicale se poursuit contre l'arrêt des hauts fourneaux. Des actions sont programmées chaque jour, auxquelles 150 à 200 travailleurs participent sur leur temps de repos ou bien durant les jours chômés.

La troisième semaine a été marquée par quelques manoeuvres de la direction pour essayer de reprendre l'initiative. Elle a fait appel à une société privée pour retrouver ses bureaux et reprendre le contrôle du bâtiment. Une « victoire » qui lui a permis de contrôler ses bureaux... vides d'occupants !

En effet les manifestants avaient décidé entre-temps d'aller occuper la gare de triage d'Ébange et le portier des usines à froid, afin de bloquer toutes les expéditions de produits laminés. Quitter le confort douillet des bureaux directoriaux pour se retrouver dans le froid des portiers était un sacrifice, certes, mais il fut compensé par des feux de palettes et des barbecues plus conviviaux que les fauteuils en cuir.

Mercredi 7 mars, nouvelle tentative : une contre-manifestation de cadres était organisée face aux piquets de grève pour proclamer que, si l'usine fermait, c'était la faute... des travailleurs qui bloquaient les expéditions et donnaient une mauvaise image !

Le lendemain, après cette vaine tentative, le tribunal de grande instance de Thionville autorisait l'intervention de la force publique pour faire lever les piquets à la demande de la direction. Après des heures de palabres à la sous-préfecture, les piquets ont été levés, mais cela ne sonne pas le glas de la mobilisation.

Dimanche 11 mars, un concert était organisé devant la porte des grands bureaux. Des artistes et des musiciens ont fait un tabac devant plus de 1 500 personnes.

Lundi 12 mars, l'intersyndicale a tenu une nouvelle assemblée générale avec les maires de la vallée de la Fensch et de nouvelles actions sont programmées dans les jours qui viennent. Les manoeuvres de la direction n'ont pas entamé la détermination du noyau de sidérurgistes mobilisés qui ont apprécié la visite de Guy Bedos venu apporter son soutien. « Je n'ai pas assez de fric pour racheter votre entreprise, a-t-il dit avec humour, mais il m'a paru naturel de venir soutenir votre lutte. »