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Leur société
6e Forum mondial de l'eau : Des discours sans jamais passer aux actes
Le 6e Forum mondial de l'eau s'est ouvert le 12 mars à Marseille. L'objectif annoncé est de « trouver des solutions » à la dramatique situation dans laquelle vivent près d'un milliard d'individus privés de l'accès à l'eau potable.
Et c'est sans parler des huit millions d'êtres humains, dont la moitié sont des enfants, morts chaque année des suites de maladies liées à l'eau, ni des plus de 2,4 milliards qui, ne disposant pas d'une eau saine, sont touchés par le choléra, la typhoïde, etc.
On a eu droit à des déclarations de bonnes intentions, comme celles de Fillon qui, dans son discours d'ouverture, a parlé de « défis énormes et de faits tenaces » et fixé la date de... 2030 pour « réfléchir aux moyens de rendre cet accès (à l'eau) universel ». À la même tribune, on a pu entendre des enfants du Mali évoquer « la soif, ce feu qui brûle la gorge après trois heures d'attente devant le puits ».
Mais il y a aussi d'autres invités à ce forum où se pressent tous les capitalistes du secteur, car l'eau est d'abord et avant tout une marchandise. Ce forum a d'ailleurs été organisé par le Conseil mondial de l'eau, fondé notamment par Veolia, Suez et la Banque mondiale, et dirigé par le PDG de la Société des eaux de Marseille. Et pour le préparer ils ont trouvé dans les caisses de l'État 29,6 millions d'euros, prélevés sur les fonds publics d'un groupement d'intérêt économique (GIE) créé spécialement pour l'occasion. Dans cette grand-messe des multinationales où le lobbying marche fort, après les hommes politiques on a eu droit au PDG de Shell, venu défendre l'idée de consommer moins d'eau potable dans l'industrie, ou encore celui de Nestlé venu plaider pour des partenariats public-privé. Pour ces capitalistes, l'eau n'a jamais été considérée comme une source de vie, car indispensable aux populations, mais surtout comme une source de profits.
Les grand-messes médiatiques -- et coûteuses -- comme celle de Marseille se succèdent pour parler chaque année d'un problème sans jamais y apporter de solution. Pourtant il en existe : les milliards de profits accumulés par les multinationales de l'eau pourraient être utilisés pour développer des réseaux corrects d'alimentation, installer le tout-à-l'égout, donner l'accès à l'eau potable aux populations du monde entier. Une étude publiée à l'occasion du forum de Marseille a chiffré ces travaux à environ 61 milliards d'euros. Pour sauver les banques au moment de la crise financière, les États avaient su trouver en quelques jours des centaines de milliards. Car, là, il s'agissait de satisfaire leur soif... de profits.