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Dans les entreprises
Ikea et Eurodisney : Salariés et clients sous surveillance
D'après Le Canard enchaîné et le groupe Mediapart, Ikea a espionné des salariés et des clients pendant des années en faisant appel aux services d'une société de détectives privés. Une soixantaine de salariés ont porté plainte depuis ces révélations. Or ce n'est pas la première fois qu'une affaire éclate autour d'une pratique patronale bien plus fréquente qu'il n'y paraît.
Depuis 2003, Ikea faisait appel à l'entreprise Sûreté International. Comme l'ont montré des courriels échangés entre des enquêteurs de cette entreprise et un cadre d'Ikea, Sûreté International avait de toute évidence accès à des fichiers de la police nationale recensant des informations sur les auteurs présumés d'infractions.
Des liens existent entre la police et les officines privées. Bien des détectives sont d'ailleurs d'anciens policiers à la retraite ou simplement reconvertis, ayant gardé des relations avec leurs anciens collègues et sachant en tirer profit. Ikea payait 80 euros par consultation de fichier. Étaient aussi consultées des données venant des opérateurs téléphoniques.
Ikea demandait par exemple : « Personne en embauche sur le magasin de Paris Nord. Merci de me donner son casier. » Se procurer un casier judiciaire à l'insu d'un salarié est parfaitement illégal, bien sûr. Les courriels sur les salariés mentionnent ici et là « discours antimondialiste », méthodes « vieille garde CGT », etc. Ikea se renseignait aussi sur des clients, en cas de litige commercial.
Ce genre de pratique n'est pas exceptionnel, comme le montre également le cas d'Eurodisney, qui vient d'être renvoyé devant le tribunal correctionnel avec trois anciens gendarmes, accusés d'avoir mené des enquêtes illégales sur des salariés entre 1998 et 2004. Deux gendarmes s'étaient reconvertis en « privés » et le troisième était encore en activité et fournissait les informations.
Mais, dans bien des entreprises, c'est souvent en interne que les directions surveillent et harcèlent leurs salariés, par le biais d'agents de maîtrise complaisants et d'entreprises de sécurité. L'été dernier le groupe Carrefour avait fait parler de lui, quand des agents de sécurité ont témoigné avoir placé des caméras cachées et des micros pour espionner les employés, et même trouvé des « preuves » de faute quand la direction voulait se débarrasser d'un salarié.
Les affaires en cours, comme d'autres dans le passé, dévoilent les moeurs et les pratiques du grand patronat. Une facette de la lutte des classes qu'il mène en permanence contre le monde du travail.