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Dans le monde
Syrie : Face à la répression, les faux amis du peuple syrien
Le régime de Bachar el-Assad vient de donner une preuve de plus de son cynisme en organisant le 26 février un référendum censé abolir la suprématie du parti Baath tout en maintenant les prérogatives du dictateur. Tandis que l'on votait dans certaines villes, la répression violente continuait dans d'autres comme Homs ou Hama. Le régime présente le référendum comme un succès, mais le peuple syrien continue à vivre une situation dramatique. La répression qui le frappe depuis onze mois maintenant a fait 7 600 morts et des milliers de blessés.
Aujourd'hui, à part la Russie et la Chine qui continuent de le soutenir, il n'est pas un État dans le monde qui ne dénonce la répression et la férocité du régime syrien. Mais, de la part des grandes puissances, c'est un de ces exercices d'hypocrisie dont elles ont une longue pratique.
Il n'y a pas si longtemps, elles ne trouvaient en effet rien à redire à ce régime, dont elles s'accommodaient alors tout autant que la Chine et la Russie aujourd'hui. Quand Sarkozy faisait de Bachar el-Assad l'hôte de marque d'un défilé du 14 juillet, le président français ne trouvait rien à reprocher à la dictature que le régime imposait déjà à son peuple.
De même, les puissances occidentales trouvaient fort utile le rôle joué par la Syrie au Proche-Orient, notamment au Liban, où lors de la guerre civile en 1976, les troupes syriennes étaient intervenues pour empêcher toute remise en cause du pouvoir de la bourgeoisie libanaise et des équilibres régionaux.
Aujourd'hui comme hier, ce n'est pas le sort du peuple syrien qui guide l'attitude des grandes puissances. Leur seul objectif est désormais de se placer vis-à-vis de ceux qui prendront la suite du régime de Bachar el-Assad, s'il finit par tomber. En cela, elles sont fidèles à la ligne de conduite qu'elles ont adoptée en Tunisie ou en Égypte lors du départ des dictateurs. Il s'agit d'assurer la continuité de la défense de leurs intérêts. Et, pour cela, il faut au moins qu'elles semblent avoir eu leur part dans l'avènement d'un nouveau régime.
L'attitude des pays voisins qui tentent actuellement de peser sur la Syrie ne vaut pas mieux. Le Qatar ou l'Arabie saoudite qui prétendent jouer les bons offices, eux aussi veulent pouvoir dire qu'ils auront joué leur rôle dans la chute du régime syrien. Et le comble est que ces monarchies moyenâgeuses ne sont pas les dernières à rechercher des brevets d'une démocratie dont elles privent par ailleurs leur propre peuple.
C'est dire que le peuple syrien n'a aucun allié parmi tous ces États qui dénoncent aujourd'hui le régime de Damas avec qui ils collaboraient hier. Il ne lui reste d'autre choix que de compter sur sa propre lutte contre la dictature, aussi dure qu'elle soit. La prétendue aide que les grandes puissances ou les États voisins pourraient lui apporter serait à l'opposé de ses aspirations démocratiques et sociales. Elle ne peut trouver qu'en son sein la force et les moyens d'abattre cette dictature et de mettre ensuite en place un pouvoir qui représente vraiment les aspirations des travailleurs et des classes populaires.