Italie - Une sentence qui fera date : Des patrons de l'amiante condamnés à la prison16/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2272.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie - Une sentence qui fera date : Des patrons de l'amiante condamnés à la prison

La sentence rendue le 15 février par le tribunal de Turin fera date. C'est la première fois en effet que des patrons responsables de la tragédie de l'amiante ont été reconnus pénalement coupables.

Le baron belge Louis de Cartier de Marchienne et le Suisse Stephan Schmidheiny, anciens administrateurs et propriétaires d'Eternit, ont été condamnés à seize ans de prison et à un total de 250 millions d'euros de dommages et intérêts pour les énormes dommages causés par leurs quatre usines italiennes utilisant l'amiante.

Cette sentence est le résultat d'un long combat. Il n'est certainement pas terminé, ne serait-ce que parce que les deux condamnés, qui se trouvent hors d'atteinte de la justice italienne, ont annoncé leur intention de faire appel. Mais c'est grâce à l'action tenace d'un groupe de magistrats et à la mobilisation de l'association des victimes de l'amiante et des collectivités locales concernées, qu'elle a pu être obtenue.

Le procureur Guariniello est bien connu à Turin pour son intervention dans des procès concernant la sécurité du travail et les droits ouvriers : il a pu faire condamner de nombreuses fois la Fiat, et récemment l'entreprise Thyssen Krupp dont la négligence avait provoqué la mort de sept ouvriers brûlés vifs au laminoir de son usine turinoise. Son action patiente, appuyée sur un pool de juges, a permis de vaincre les obstacles de toute sorte opposés par les patrons d'Eternit. Dernièrement, sentant venir la condamnation, ceux-ci avaient proposé une transaction aux municipalités concernées, en échange de leur renonciation à se porter partie civile. Mais malgré l'attitude d'élus favorables à cet échange, le procès aura pu aller jusqu'au bout.

Le résultat obtenu à Turin contraste avec la situation en France où, malgré toutes les actions juridiques entreprises, une partie de l'appareil judiciaire a réussi jusqu'à présent à bloquer indéfiniment les procédures. « Les procédés industriels d'Eternit en Italie, en Suisse, en Belgique et en France sont les mêmes, le nombre des victimes équivalent, mais ici on a l'impression d'une tentative de torpillage de la justice », a constaté l'avocat de l'Association française des victimes de l'amiante (Andeva). Les patrons de l'amiante ne se sont pas seulement arrogé le droit d'exploiter leurs travailleurs, mais aussi celui de les tuer impunément.

Partager