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CDiscount - Cestas (Gironde) : Le froid réchauffe le climat social
Le matin du jeudi 9 février, les salariés de CDiscount, société de vente à distance qui emploie plus de 400 personnes sur le site de Cestas, ont cessé spontanément le travail. Trois heures après l'embauche à 5 h, il ne faisait guère plus de 4 degrés dans les trois bâtiments du site.
En cette période de températures extérieures très basses, le système de chauffage est inopérant. L'air froid s'engouffre pendant toute la journée depuis les quais de déchargement ouverts, tandis que l'air chaud ne redescend pas du plafond de ces entrepôts très hauts.
Le mouvement est parti d'une personne, transie de froid, qui a décidé d'arrêter. La nouvelle a circulé très vite, et c'est près de 70 % du personnel d'un des bâtiments qui en a fait autant, avant d'aller rendre visite aux salariés des autres entrepôts.
Si la température a été la cause immédiate du mouvement, ce n'est pas la seule raison du ras-le-bol, c'est la goutte d'eau « gelée » qui a fait déborder le vase. C'est actuellement la période de la négociation annuelle obligatoire. CDiscount a fait 1 milliard de chiffre d'affaires en 2010, résultat en progression de 14,6 % en 2011, mais il paie des salaires de l'ordre de 1 200 euros net pour des semaines de 39 heures (35 heures + 4 heures supplémentaires). Les travailleurs en ont assez de se faire balader entre CDiscount et le groupe Casino, qui le contrôle, pour ne rien recevoir depuis des années.
Surprise par le mouvement, la direction a fait forcer le chauffage dès le lendemain, ce qu'elle avait toujours déclaré impossible auparavant. Elle a différé la négociation annuelle obligatoire, mais ne s'en tirera pas à si bon compte.
Outre de meilleures conditions de travail pour les protéger du froid, les travailleurs savent ce qu'ils veulent : ils réclament, entre autres revendications, une augmentation de salaire de 200 euros brut pour les ouvriers, employés et agents de maîtrise, un treizième mois, une augmentation de la part patronale pour la mutuelle, le paiement des trois jours de carence assurance maladie, auquel les cadres ont droit mais pas les travailleurs de la base.
Dans cette entreprise dont les travailleurs ont entre 20 et 35 ans pour la plupart, la combativité s'est manifestée dès l'ouverture du site en 2007 et se maintient, malgré une rotation importante des effectifs. Encouragés par les manifestations de sympathie des postiers de la plate-forme industrielle du courrier qui est à côté, ceux de CDiscount ont mis un bon coup de pression à leur direction, et ce n'est peut-être pas fini.