Sénégal : La population manifeste son rejet de Wade01/02/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/02/une2270.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sénégal : La population manifeste son rejet de Wade

Au Sénégal, depuis le samedi 28 janvier, et à l'approche de l'élection présidentielle qui doit se tenir le 26 février prochain, les manifestations se multiplient contre une nouvelle candidature d'Abdoulaye Wade, le président sortant. De violents affrontements ont opposé jeunes et policiers à Dakar, notamment dans le quartier de Colobane, où un policier a été tué, mais aussi en province comme à Thiès, Kaolack, Tambacounda et Matam.

Le mouvement de protestation s'est amplifié dès l'annonce de la validation par le Conseil constitutionnel de la candidature contestée de Wade, d'autant que ce dernier en a rejeté plusieurs autres, dont celle du populaire chanteur et homme d'affaires Youssou N'Dour, qui compte sur sa popularité et surtout sur son groupe de médias (chaîne de télévision, radios et journaux). Beaucoup d'opposants espéraient en effet que, conformément à la Constitution, Wade, élu depuis le 19 mars 2000 et qui est aujourd'hui âgé de 85 ans, ne puisse briguer un troisième mandat.

L'opposition s'organise autour du mouvement du 23 juin, le M23, qui regroupe des partis politiques et diverses personnalités, mais aussi autour du mouvement Y en a marre, créé en janvier 2011 à l'initiative de jeunes rappeurs.

Nombreux sont ceux qui rejettent Wade et les politiciens de son clan. En 2000, Wade et son parti, le Parti démocrate sénégalais (PDS), avaient mis fin à quarante ans de domination du Parti socialiste en prônant le changement. Or, depuis, la situation du pays n'a changé que pour se dégrader. Le riz, l'huile, le sucre, le lait, le gaz, tous les produits de première nécessité connaissent une flambée des prix, sans parler de la cherté des produits pétroliers, qui se répercute sur de nombreuses activités, à commencer par les transports.

Wade avait promis du travail pour les jeunes, mais le chômage frappe plus de la moitié de la population active et pousse chaque année des milliers de jeunes à risquer leur vie sur des embarcations de fortune pour tenter de gagner clandestinement un pays européen. Les hôpitaux, les écoles, les transports publics, le réseau électrique ainsi que les canalisations d'évacuation des eaux sont également à l'abandon ; résultat, la population subit d'incessantes coupures de courant et de nombreuses maisons sont envahies par les eaux à la moindre pluie.

La situation ne vaut pas mieux dans les campagnes. Les paysans ne disposent que de moyens archaïques et ne peuvent couvrir les besoins alimentaires du pays. Ils sont de plus exposés à l'accaparement des terres arables que le gouvernement cède complaisamment à des sociétés étrangères qui ne visent nullement à satisfaire la population sénégalaise mais développent des cultures destinées à l'exportation.

La corruption et les détournements de fonds publics sont monnaie courante. Wade a mis le pays en coupe réglée, offrant de nombreuses sinécures à sa femme, ses enfants et à ses proches. Beaucoup le soupçonnent de vouloir, au-delà de sa réélection, laisser le pouvoir à son fils Karim, ministre d'État, ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l'Énergie.

Le Sénégal est depuis longtemps cité comme un exemple de démocratie, notamment par les gouvernants français. En fait, la démocratie y est inexistante, comme en attestent la répression des manifestations ou la vague d'arrestations parmi les dirigeants du M23.

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