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- Lutte ouvrière n°2268
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Editorial
N'acceptons pas la dégradation... des salaires et des conditions de vie !
Après la dégradation de la note de la France par l'agence Standard & Poor's, le gouvernement a affirmé qu'il ne se fera pas dicter sa politique par les marchés financiers. C'est pourtant bien ce qu'il fait.
Derrière cette expression trompeuse de « marchés financiers », il n'y a rien d'autre que de grandes banques qui dictent leurs conditions pour prêter aux États, avec pour ligne de conduite le profit qu'elles en retirent et les taux d'intérêt, parfois usuraires, qu'elles imposent. Les agences de notation ne sont que leurs conseillers et n'ont que le pouvoir que les gouvernements et les financiers leur reconnaissent.
Les gouvernements, français ou autres, connaissent parfaitement cette réalité. Ils en sont les complices et les exécutants, même si Sarkozy peut bavarder sur la nécessité de mettre fin à la dictature des agences de notation et aux paradis fiscaux. Il y a quelques jours, il déclarait même vouloir faire payer les capitalistes spéculateurs, disant que la France n'attendrait pas les autres pays pour appliquer une taxe sur les transactions financières de... 0,0085 % ! On est prié d'admirer l'audace.
Ces moulinets de Sarkozy doivent bien faire rire dans les officines financières. Il s'agit de faire croire au bon peuple que le gouvernement se bat contre une crise qui vient d'ailleurs, que ses mesures sont dictées par la nécessité économique et qu'il n'y a donc pas d'autre choix. Mais c'est un chantage permanent, pour faire passer ses attaques contre les travailleurs et les couches populaires.
La nécessité de redresser les comptes du pays pour conserver le fameux « triple A » des agences de notation avait déjà été un des prétextes pour imposer la fin de la retraite à soixante ans. Maintenant, c'est au nom de la nécessité de le retrouver que le gouvernement nous appelle à faire preuve de « courage ». Mais le courage pour qui et pour quoi ?
La dette des États a été accumulée par les gouvernements à force de cadeaux en tout genre faits aux capitalistes et aux financiers, les mêmes qui exigent maintenant le remboursement de cette dette avec les intérêts et qui veulent pour cela que les États adoptent des plans d'austérité. C'est sous la dictée de ces gens-là que les gouvernements coupent dans les dépenses publiques utiles à la population, de l'enseignement à la santé, en faisant encore augmenter le chômage. Et ils ne proposent rien d'autre que continuer dans cette voie.
Le 18 janvier doit avoir lieu le « sommet social ». Annoncé il y a quelque temps sous prétexte de faire face à l'envolée du chômage, il s'agissait déjà de préparer de nouvelles mesures d'austérité et de tenter de les faire approuver par les dirigeants syndicaux. La nouvelle de la dégradation de la note de la France vient à point nommé pour renforcer encore la menace. Après deux plans d'austérité, on nous en prépare un troisième.
On parle d'une hausse de la TVA pour permettre au patronat de payer moins de cotisations sociales, mais évidemment pas d'augmenter les salaires. On parle d'augmenter la flexibilité, autrement dit d'utiliser la menace du chômage pour faire accepter les horaires au bon vouloir des patrons et l'aggravation des conditions de travail au nom de la compétitivité. On parle aussi d'améliorer la formation des chômeurs, comme s'ils ne trouvaient pas de travail à cause du manque de formation. En fait de lutte contre le chômage, il s'agit de faire pression sur eux pour en faire une réserve de main-d'oeuvre sous-payée soumise aux conditions patronales.
Il n'y a rien à espérer du soi-disant « sommet social », ni d'ailleurs de dirigeants syndicaux qui se prêtent à cette triste comédie. Gouvernement et patronat ne font qu'utiliser la crise actuelle, dont ils sont responsables, pour exercer leur chantage. Eh bien, s'ils tiennent à leur note chez Standard & Poor's ou chez un autre, qu'ils se débrouillent pour payer la dette en prenant sur les profits patronaux, qui n'ont pas diminué malgré la crise !
Les travailleurs, les chômeurs, l'ensemble des couches populaires n'ont aucune raison d'accepter de payer. Et comme ce ne sont pas les prochaines élections qui changeront quelque chose, quel qu'en soit le vainqueur, ils n'ont d'autre voie que la lutte pour imposer leur droit à un emploi, par le partage du travail entre tous sans diminution de salaire, et leur droit à un salaire décent et qui soit indexé sur l'augmentation des prix.
Contre la crise, contre un système responsable d'une dramatique dégradation sociale, il faut imposer notre droit à la vie.
L'éditorial des bulletins d'entreprise du 16 janvier