Dans les voeux qu'il a adressés au personnel de l'éducation depuis le Futuroscope de Poitiers, Sarkozy a affirmé une fois de plus qu'il n'entendait pas revenir sur les 80 000 suppressions de postes. Il faut que les enseignants « fassent mieux avec les mêmes moyens », a-t-il dit... mais surtout qu'ils fassent plus, en acceptant « d'être davantage présents dans les établissements » !

Un coup de démagogie antienseignants, présentés comme des fainéants qui s'empressent de déguerpir après avoir donné leurs cours, cela peut payer auprès des électeurs réactionnaires. Mais c'est cacher le fait que le service des enseignants ne se limite pas à leurs heures de cours, qu'il faut y ajouter les préparations, la correction des copies, d'une durée équivalente, sans parler du travail de mise à niveau des connaissances et des tâches administratives qui ne cessent de s'accumuler. De plus, vouloir les faire rester 35 heures dans leur établissement selon le modèle anglo-saxon tant vanté par la droite, nécessiterait qu'ils puissent avoir un endroit pour travailler tranquillement ou recevoir des élèves. Dans les lycées et collèges, c'est presque aussi difficile à trouver qu'un appartement bon marché dans le secteur locatif privé.

En contrepartie, Sarkozy promet aux enseignants d'augmenter leur salaire. Mais le nouveau barème que le gouvernement veut mettre en place, en reportant vers les chefs d'établissements la notation des enseignants, amène au contraire un tassement de la promotion, et de ce fait une baisse des salaires. Et de toute façon, à quoi sert de faire figurer sur le papier des salaires un peu supérieurs au départ, si le pouvoir d'achat diminue à cause du gel de ces mêmes salaires, comme c'est le cas depuis deux ans ?

En fait, et la situation des enseignants et l'intérêt des élèves sont sacrifiés dans ce projet. Sarkozy peut remballer ses voeux.