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Haïti : Deux ans après le séisme, la reconstruction se fait toujours attendre
Deux ans après le séisme du 12 janvier 2010 qui avait fait 250 000 victimes, la situation est toujours dramatique pour des millions d'Haïtiens.
550 000 personnes vivent encore dans plus de 800 camps d'hébergement, dans des conditions désastreuses. Dans ces camps de bâches et de tôles, l'assainissement n'existe pas, il n'y a pas ou peu de latrines. Il y règne, l'insécurité, la promiscuité, la boue, la chaleur et la pluie. Mais tous ne sont pas dans ces camps. Plusieurs centaines de milliers de personnes vivent encore dans des bâtiments à moitié effondrés, dans des quartiers sans accès aux services de base. La population consomme l'eau souillée des rivières et des ravines. Seule une petite partie de la population a accès à l'eau traitée. Plus de la moitié des gravats n'ont toujours pas été enlevés de la ville.
Dans ces conditions, l'épidémie de choléra, arrivée en Haïti avec les casques bleus népalais, sévit toujours. Mi-novembre, 400 cas étaient recensés chaque jour, contre 1 100 cas en juin dernier. Cette diminution, liée surtout à la saison sèche, était espérée car le financement des moyens médicaux d'urgence à court terme se tarissait. Et les financements à long terme ne sont pas encore disponibles. D'après un responsable de l'Organisation Panaméricaine de la Santé, entre octobre 2010 et novembre 2011, 7 000 victimes sont mortes du choléra.
L'attitude des grandes puissances, en premier lieu des États-Unis et des gouvernements occidentaux, est révoltante. Dans les semaines qui ont suivi le drame, elles ont fait beaucoup de vent.
Dix milliards de dollars avaient été promis à Haïti pour sa reconstruction. Ce n'était pas grand-chose pour chacun des pays « donateurs ». Les États-Unis, principal contributeur, avaient promis 1,15 milliard de dollars, ce qui correspond à 0,16 % de leurs dépenses militaires. Mais ces États n'ont versé que la moitié des fonds promis. De plus, des sommes importantes ont été interceptées par des margoulins locaux ou étrangers.
Fin novembre, Michel Martelly, le nouveau président d'Haïti, et Bill Clinton ont organisé un forum « Invest in Haïti », pour attirer les gros investisseurs. Pour l'instant, les seuls qui ont répondu présent, et c'est tout un symbole, sont... les chaînes hôtelières de luxe. Marriott a ainsi annoncé la construction d'un nouvel hôtel de 168 chambres à Port-au-Prince, pour 45 millions de dollars. Une autre compagnie hôtelière américaine a prévu l'édification d'un hôtel de 250 chambres près de l'aéroport.
Plus encore que du séisme, les pauvres d'Haïti sont comme toujours, victimes de l'impérialisme qui entretient leur misère.