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- Lutte ouvrière n°2264
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Dans les entreprises
Chantiers de l'Atlantique STX -- Saint-Nazaire : Débrayage massif et manifestation
Personne n'avait vu un tel rassemblement aux portes des chantiers depuis au moins une dizaine d'années. À l'appel de la CGT, plus de 800 travailleurs se sont rassemblés sur le terre-plein de Penhoët pour protester contre les menaces de licenciements qui pèsent sur les salariés de la sous-traitance. L'émotion était palpable de se retrouver enfin ensemble et nombreux, intérimaires, salariés en fixe, STX et sous-traitants.
Cette fois-ci, les travailleurs voulaient se faire voir et se faire entendre. En cette veille de congés, les fins de mission se multiplient chez les intérimaires et beaucoup craignent de ne pas retrouver du travail s'ils perdent leur emploi aux chantiers navals. Du chômage partiel de longue durée ou des licenciements sont annoncés chez certains sous-traitants locaux et les femmes de ménage, sous-traitantes elles aussi, sont inquiètes pour leur avenir, car l'entreprise qui les emploie n'a pas été retenue pour faire le travail à partir de janvier prochain. Même si, actuellement, seuls quelques sous-traitants sont directement attaqués, une grande partie des travailleurs du site ont participé à ce rassemblement, avec la conviction que seule la solidarité peut empêcher que les licenciements se multiplient et finissent par les toucher à leur tour.
Pour tous les travailleurs présents, cet arrêt de travail était aussi l'occasion de dénoncer la mise en concurrence des salariés orchestrée par la direction de STX. Cette dernière fait en effet appel à des entreprises de sous-traitance qui recrutent des salariés venant de pays où les salaires sont plus faibles et les conditions d'existence plus dures qu'ici. Aux travailleurs de ces entreprises sont imposées des semaines de 50, voire 60 heures de travail, sans paiement de toutes les heures et des majorations, sans prime et avec des cotisations sociales au rabais. Les militants de la CGT, qui réclament que chaque travailleur ait les mêmes droits, quelle que soit son origine, ont eu le soutien de tous les travailleurs présents au débrayage pour mettre en avant la banderole « Un site, un statut » lors de la manifestation qui a suivi. Tout comme ils ont été applaudis lorsqu'ils ont dit que c'est la direction de STX qui est responsable des licenciements programmés, et pas les travailleurs venant d'autres pays, dénonçant au passage un article de la presse locale au sujet des débrayages de la semaine précédente titrant « Les salariés étrangers montrés du doigt ».
Ce rassemblement à la porte principale des chantiers s'est poursuivi en une manifestation de plusieurs kilomètres à travers la ville. C'est à vive allure que les centaines de travailleurs présents ont tenu à passer bruyamment par toutes les rues les plus fréquentées avant d'arriver à la sous-préfecture. Là, une délégation de militants sous-traitants et de STX a rappelé au représentant des pouvoirs publics que l'État est actionnaire des chantiers et donc responsable de ce qui s'y passe, des attaques sur l'emploi comme des pratiques illégales de rémunération et de conditions de travail qui concernent des centaines de travailleurs.
Tous les travailleurs présents à cette manifestation savent, que bien qu'impressionnante, elle ne sera pas suffisante pour faire reculer la direction de STX. Et ils étaient nombreux à s'exprimer pour proposer d'autres actions à mener au plus vite.