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- Lutte ouvrière n°2263
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Saint-Denis : L'État prétend s'occuper des mal-logés en les jetant à la rue
La préfecture de Seine-Saint-Denis a ordonné à une semaine d'intervalle l'évacuation de deux immeubles squattés depuis des années. Ainsi, le 30 novembre, en pleine trêve hivernale, neuf familles -- quarante adultes et treize enfants -- étaient réveillées au petit matin et jetées dehors sans avoir le temps d'emporter leurs biens.
Celles qui avaient des enfants se sont vu proposer un relogement provisoire dans un hôtel social. Les autres sont aujourd'hui sans toit. Ces familles vivaient dans cet immeuble insalubre, peuplé de rats, ouvert à tous vents, parfois depuis treize ans sans que la préfecture ne s'en inquiète. Mais pour tous, cette évacuation est un drame : les enfants scolarisés à Saint-Denis ne vont plus à l'école
Inquiets de voir leurs semblables ainsi jetés sans ménagement à la rue, les familles d'un autre immeuble squatté se sont rendues immédiatement à la sous-préfecture pour connaître leur sort. Ce squat a une histoire, étant devenu le symbole de la lutte contre l'insalubrité. Victimes d'un incendie en 2004, les habitants s'étaient mobilisés pour ne pas être jetés à la rue. La municipalité avait alors engagé des travaux dans l'immeuble pour le sécuriser. Aidés par cette dernière, les résidents avaient livré une bataille victorieuse pour obtenir le relogement prioritaire des familles dont les enfants avaient été victimes du saturnisme. Pour les autres, la préfecture s'était engagée en 2008 à reconsidérer avec bienveillance leurs demandes de régularisation et il était établi que l'évacuation de l'immeuble ne se ferait pas sans relogement. Mais les négociations ont été rompues en juillet. Quand la sous-préfète a reçu les délégués, elle a refusé de reprendre les négociations. Et le lendemain, à 6 h 30, l'immeuble était cerné par la police et les trente habitants, dont sept enfants, étaient évacués sans ménagement. Les familles avec enfants ont été à leur tour relogées à l'hôtel, au Blanc-Mesnil. Les autres doivent trouver des solutions.
Pour justifier leur décision, les autorités ont le culot de s'abriter derrière le drame de Pantin, où un immeuble insalubre a brûlé en septembre dernier, entraînant la mort de six personnes. Mais la préfecture comme le gouvernement ont laissé et laissent sans le moindre état d'âme des immeubles entiers se délabrer, des marchands de sommeil véreux profiter des sans-papiers et des mal-logés en leur faisant payer le prix fort pour des logements vétustes. Ils jettent ces familles à la rue dans le froid, les condamnant à vivre dans des conditions encore pires.
Ces expulsions ont provoqué une véritable émotion dans la ville. La FCPE en particulier a mobilisé dans les écoles des enfants expulsés et, samedi 10 décembre, 300 personnes manifestaient dans les rues pour dénoncer cette hypocrisie et exiger un relogement de toutes les familles.