Hongrie : Chasse aux chômeurs et camps de travail anti-roms24/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2260.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Hongrie : Chasse aux chômeurs et camps de travail anti-roms

Le 1er septembre en Hongrie, la durée maximum du versement des allocations chômage est passée de 270 à 90 jours et leur montant qui était de 120 % du salaire minimum est passé à 100 % de ce salaire minimum, dont le montant est d'environ 300 euros.

Seule la moitié des salariés hongrois a un contrat à durée indéterminée. L'autre moitié, soit plus de 3,5 millions de personnes, n'a pas accès à un emploi stable. Plus d'un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et la majorité des Hongrois ne survit qu'en cumulant plusieurs emplois.

Les chômeurs en fin de droits basculent dans une extrême pauvreté, bénéficiant seulement d'une maigre aide sociale. Ils représentent un tiers de la population, dont la moitié vit avec moins de 170 euros par mois.

Le nouveau dispositif permet désormais de lier le versement des aides à une obligation de travailler gratuitement, dans des services publics, dans l'agriculture, mais aussi pour les associations religieuses et dans certains cas pour des entreprises privées ! La MAV, société de chemin de fer, fait désormais nettoyer gratuitement ses gares dans la région touristique du lac Balaton. À terme, ce dispositif est censé toucher 300 000 personnes.

Ce travail obligatoire, qui figurait dans le programme du parti d'extrême droite Jobbik, a été repris par la droite nationaliste. Dans certains cas, les chômeurs doivent accepter de se déplacer à plusieurs heures de chez eux. Hébergements de fortune et activités se font sous la garde de policiers à la retraite. En réalité, ce sont les Roms qui sont majoritairement visés par ces mesures insupportables. Pour l'instant, un millier de bénéficiaires d'allocations chômage travaillent sur ces chantiers.

Après s'être rendu sur le site de Gyönggyöspata, village où récemment encore l'extrême droite paradait contre les Roms, un responsable du « Mouvement des droits civiques hongrois » a décrit les conditions de travail indignes et l'absurdité de ces chantiers : « Avant d'arriver sur le lieu de travail, les personnes doivent parcourir environ 7,5 km. Elles enchaînent dix heures de travail sur la journée. Elles nettoient un terrain boisé en vue de la construction de résidences pour la classe aisée. Les outils semblent tout droit sortis du XIXe siècle : on travaille à la faucille ! Il n'y a rien à disposition : pas d'eau, pas de toilettes, pas d'abri contre le soleil, pas de protection contre les guêpes... C'est humiliant. Le dirigeant du chantier, du parti d'extrême droite Jobbik, n'a pas hésité à brusquer une dame de 58 ans à demi paralysée pour qu'elle aille plus vite. La paye est de 180 euros bruts mensuels, pour un travail qui aurait pu être fini en une après-midi par des tracteurs. »

L'ouverture à l'Occident et l'entrée dans l'Union européenne ont été présentées aux Hongrois comme le début d'une ère nouvelle. Mais le capitalisme réhabilité en Hongrie verse dans la barbarie.

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