Fait divers horrible et démagogie sécuritaire de bas étage24/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2260.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fait divers horrible et démagogie sécuritaire de bas étage

Le fait divers terrible du Chambon-sur-Lignon -- le viol et le meurtre d'une collégienne -- a relancé le débat sur la récidive et donné lieu, comme d'autres auparavant, à une exploitation politicienne.

Sans aller jusqu'au cas Marine Le Pen qui a réclamé un référendum sur le rétablissement de la peine de mort, on a eu droit à toutes sortes de couplets à la tonalité plus ou moins sécuritaires et à une mobilisation, très préélectorale, du gouvernement.

Sarkozy s'est voulu discret, mais en faisant savoir qu'il était « ulcéré » et pointait du doigt des « dysfonctionnements ». Fillon a convoqué un conseil spécial avec les ministres de la Justice, de l'Éducation et de la Santé, affirmant que la lutte contre la récidive était pour lui une « priorité absolue ». Il en est ressorti quelques mesures qui devraient être incluses dans le projet de loi de programmation pour la justice : une meilleure évaluation de la dangerosité des criminels, une meilleure information entre les différents services de la Santé, de la Justice et de l'Éducation, et la demande systématique par les procureurs de placer le jeune suspecté de crime dans un centre éducatif fermé, libre ensuite au juge d'en décider.

Cela fera, depuis 2004, la septième loi sur la récidive : après, entre autres, la création d'un fichier de délinquants sexuels, les peines planchers, la rétention de sûreté après la prison pour les condamnés à plus de 15 ans -- disposition d'ailleurs retoquée par le Conseil constitutionnel. Cet empilement de mesures, généralement prises après des faits divers épouvantables, prouve à la fois leur inefficacité et le caractère essentiellement démagogique des discours gouvernementaux sur la sécurité.

En réalité la « priorité absolue » de Fillon ne va pas jusqu'à donner à la Justice, et en particulier à la prévention, les moyens nécessaires. L'Union syndicale des magistrats dénonce un « budget en trompe-l'oeil » pour 2012, en particulier pour la Protection judiciaire de la jeunesse qui va voir disparaître 106 emplois et dont les éducateurs, chargés chacun du suivi de vingt-cinq jeunes, ne peuvent faire face à l'ampleur de la tâche.

Empêcher complètement de telles tragédies est certainement très difficile, voire impossible. Mais si on ne craint pas d'entretenir une atmosphère nauséabonde, cela n'empêche pas de s'en servir pour aller à la pêche aux voix.

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