À l'aéroport de Roissy, la fermeture d'une entreprise de nettoyage, Net Éclair, jette une lumière crue sur les pratiques patronales.

Depuis des années, Net Éclair avait le monopole du nettoyage du linge des avions, employant 43 salariés. Africains et Indiens en majorité, dont une partie de sans-papiers qui avaient dû se battre pour être régularisés. Il a fallu une grève en 2008, avec occupation de l'entreprise, pour obtenir des contrats de travail réguliers pour tous, des augmentations de salaire et des garanties avec des élections professionnelles et la création du syndicat CGT.

Peu après, une autre entreprise, aidée par ADP (Aéroports de Paris), est venue sur le marché. Le prix de la couverture nettoyée, qui était alors à 41centimes, est passé à 35 centimes. Pour l'emporter, Net Éclair en a proposé 25, mais c'est BH Catering qui a finalement emporté le marché en proposant 21 centimes. Et encore, dans un autre contrat, une compagnie parvient à faire traiter ses couvertures pour 17 centimes, un prix imbattable proposé... par un Centre d'aide par le travail employant des salariés handicapés.

Le patron de Net Éclair, se prétendant en difficulté, est alors parti sans laisser d'adresse. Le personnel, laissé sans nouvelles, a occupé l'entreprise pendant trois semaines.

Le patron a finalement reparu... pour déposer le bilan. Un liquidateur a été nommé au tribunal de commerce de Bobigny. Les salariés qui s'étaient déplacés au tribunal ont entendu le patron dire qu'il n'avait plus d'argent et ne pouvait plus payer ses salariés. Mais, durant toutes ces années, n'a-t-il pas accumulé suffisamment pour avoir pu créer des unités en province ? Sans parler de ce que les travailleurs ont découvert durant l'occupation : entre autres que sa femme était payée par l'entreprise, alors que les salariés ne l'avaient jamais vue.

Ce qu'on appelle leur justice a tranché et les salariés seront licenciés. Le patron, parti s'occuper de ses autres entreprises sans être inquiété pour les dégâts humains qu'il provoque, s'en lave les mains. Si ce n'est pas là un système qui protège les patrons voyous, alors qu'est-ce que c'est ?