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Leur société
SNCF : Sur les rails de la privatisation
Les confédérations syndicales CGT, UNSA, CFDT et CFTC ont appelé à une journée d'action le 8 novembre, au moment où le Parlement européen doit examiner un projet de réorganisation des transports publics allant toujours dans le sens d'une plus grande libéralisation, c'est-à-dire d'ouverture aux entreprises privées. La journée était certes symbolique, mais en France les attaques menées par la direction de la SNCF contre l'emploi et les conditions de travail des cheminots sont, elles, bien réelles.
De plus en plus, sous prétexte d'ouverture à la concurrence dans les meilleures conditions de compétitivité possibles, la direction de la SNCF poursuit sa réorganisation interne. Il s'agit pour elle de supprimer les branches de ses activités qu'elle considère comme non rentables financièrement et de céder aux entreprises du secteur privé les activités qui peuvent les intéresser. Cela fait des années maintenant que le processus est en cours. En fait, depuis 1997 et la décision de séparer les infrastructures, prises en main par une nouvelle société publique créée pour l'occasion, Réseau ferré de France (RFF), de la circulation des trains proprement dite, laissée à la SNCF.
Aujourd'hui, aux réorganisations successives internes de la SNCF est venue s'ajouter l'ouverture du réseau ferré à d'autres entreprises ferroviaires que la SNCF. Cela a commencé en 2006, avec l'accès aux entreprises ferroviaires privées du transport de marchandises, entreprises privées qui font désormais circuler sur le réseau des trains privés, en concurrence avec ceux de la SNCF pour obtenir, auprès de RFF, les droits de circulation aux heures et aux jours qu'elles souhaitent. Depuis début 2010, le transport des voyageurs est lui aussi ouvert à d'autres entreprises ferroviaires que la SNCF sur le réseau ferroviaire français. Sur certains tronçons de ligne ou de morceaux de ligne abandonnés par la SNCF pour des raisons qui lui sont propres, peuvent ainsi circuler des trains privés, fixant eux-mêmes leurs horaires et leurs tarifs, encore moins préoccupés du service public que pouvait l'être la SNCF. Autant dire que pas plus les voyageurs que les travailleurs du rail, qu'ils soient salariés de la société nationale ou d'une entreprise privée, n'ont à gagner dans cette politique. Pour l'instant, les entreprises privées ne se précipitent certes pas. Mais la direction SNCF a là le prétexte tout trouvé pour supprimer encore des lignes, proposant par exemple le transport par bus sur quelque 230 liaisons inter-régionales. Sans parler de la révision générale des horaires des trains en décembre prochain. Et tant pis si les voyageurs n'y trouvent pas leur compte.
Côté cheminots, la politique de la SNCF se traduit toujours par des suppressions d'effectifs (2 000 au moins pour cette année) et des embauches précaires de plus en plus fréquentes de travailleurs en contrats à durée déterminée, un matériel insuffisamment entretenu et renouvelé, la sous-traitance systématique d'activités comme le nettoyage ou la sécurité.
Cette journée du 8 novembre n'a aucune chance de faire changer de direction la SNCF, engagée de plus en plus ouvertement sur les rails de la privatisation. Mais elle a au moins le mérite de la dénoncer devant tous les concernés, cheminots comme usagers.