Italie : La fin du gouvernement Berlusconi, mais pas de sa politique09/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/11/une2258.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : La fin du gouvernement Berlusconi, mais pas de sa politique

C'est après trois ans et demi à la présidence du Conseil des ministres que Silvio Berlusconi a annoncé, mardi 8 novembre, la démission de son gouvernement « dès que sera votée la loi de stabilité financière que nous demande l'Europe ». Sa décision fait suite à un vote de la Chambre des députés montrant qu'avec 308 voix en sa faveur, il n'y dispose plus de la majorité absolue. Mais elle fait suite aussi à la réunion du G20 à Cannes d'où a été annoncée, le 4 novembre, la mise de l'Italie sous la surveillance conjointe du FMI et de la Commission européenne.

En effet, depuis des semaines, après la Grèce, l'Espagne ou le Portugal, c'est l'Italie qui est la cible de la spéculation des marchés financiers. Pour tenter d'éloigner la crise, les dirigeants européens, Merkel et Sarkozy en tête, appuyés par Obama et par la directrice du FMI Christine Lagarde, ont donc fait savoir à peu près explicitement que, si l'Italie voulait retrouver « de la crédibilité » auprès des marchés, elle devait changer de gouvernement. Mais eux-mêmes ne faisaient que relayer la pression exercée en Italie même, depuis des semaines, par les partis d'opposition et par le patronat, rendant Berlusconi responsable de la dégradation de la situation économique, l'accusant d'immobilisme, de ne rien faire pour relancer la croissance, de ne pas faire les « réformes » soi-disant nécessaires, de ne s'occuper que de ses affaires personnelles, etc.

De fait Berlusconi a encore montré, au G20 de Cannes justement, toute sa sensibilité au problème en déclarant que la crise ne touche guère l'Italie puisque « les restaurants sont pleins »! Les entreprises qui ferment, les licenciements et le chômage, la misère même qui augmente, n'existent pas pour lui. Mais ce n'est évidemment pas cette indifférence aux problèmes des couches populaires que lui reprochent les dirigeants européens ou les patrons italiens : c'est de n'avoir pas fait encore assez, ni assez vite, pour répondre à la pression de la spéculation.

Le gouvernement Berlusconi a pourtant approuvé durant l'été deux plans d'austérité successifs, pour un montant total de plus de cent milliards d'euros, incluant des coupes drastiques dans les financements des services publics, l'augmentation de l'âge de la retraite jusqu'à 67 ans et la libéralisation des licenciements. Il a réaffirmé ces objectifs dans une lettre aux dirigeants européens. Mais cela n'a toujours pas calmé la spéculation. Et le monde patronal italien a alors dramatisé la situation, rendant Berlusconi responsable, parce qu'il s'accrochait au pouvoir, du manque de crédibilité du pays.

Toute cette campagne a permis en tout cas de faire passer sans réaction majeure les deux plans d'austérité de l'été, que chacun a justifiés par l'exigence de satisfaire les « marchés ». La loi de stabilité demandée par l'Union européenne, et que Berlusconi veut faire adopter avant de partir, signifiera un troisième plan d'austérité, et un véritable chantage pour le faire accepter en urgence par le Parlement et au-delà par le pays. Quant à la mise en place, après Berlusconi, d'un gouvernement plus « crédible », elle annonce la poursuite de cette politique. Il va s'agir de forcer la population italienne, après la population grecque, à continuer à se saigner pour satisfaire la soif de profits du capital financier.

C'est à cela que se préparent les différents candidats à la succession de Berlusconi, du centriste Casini aux dirigeants du Parti démocrate qui ont déjà montré, aux temps du gouvernement de gauche de Romano Prodi, de quoi ils étaient capables. La fin du gouvernement Berlusconi n'annonce pas, malheureusement, la fin de sa politique antiouvrière.

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