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Dans les entreprises
Sociétés de sondage : Ça commence à bien faire !
Depuis le début du mois d'octobre, les enquêteurs ou employés des centres d'appels des sociétés de sondage manifestent leur mécontentement par des grèves ou des débrayages. Ils acceptent de moins en moins la précarité des conditions de travail et les salaires très bas qui en résultent.
Ce secteur des sociétés de sondage représente 20 000 salariés, répartis dans quelques grandes entreprises comme TNS-Sofres, Ipsos, Ifop, BVA, GFK, LH2, etc. Les donneurs d'ordres de ces sociétés de sondage sont la grande distribution, mais aussi le gouvernement pour les enquêtes d'opinion, le Syndicat des transports parisiens, la RATP, la SNCF. Ils n'ignorent pas les pratiques illégales des contrats de travail à répétition, mais seuls leurs profits comptent.
La convention collective du secteur prévoit que les enquêteurs sont à la disposition du patron par des CDD dits « d'usage ». Il s'agit de contrats par enquête. Les vacataires ne savent pas s'ils travailleront les semaines suivantes, et pour combien d'heures. Ils ne savent pas non plus à l'avance leur planning, et leurs horaires peuvent ainsi changer du jour au lendemain. Ils sont payés à la tâche. L'employeur leur donne une attestation pour s'inscrire à Pôle emploi, qui en fait paie ainsi une partie des enquêtes. Lorsqu'il y a contestation des CDD à répétition devant le tribunal des prud'hommes, les patrons préfèrent payer pour tenter d'éviter la poursuite des procédures, faisant un chantage à l'emploi aux autres salariés.
Les conditions de travail sont très dures. Ainsi, au centre d'appels de Sofres à Malakoff, la moindre absence au poste de travail, même pour aller aux toilettes, est enregistrée par les machines et retenue sur la paie. Côté salaires, le temps plein est pratiquement inexistant et, à la fin du mois, la paie n'atteint souvent même pas 1 000 euros. Depuis quelques années, les postes de vacataires sont occupés par des étudiants pour payer leurs études. Néanmoins, beaucoup d'employés travaillent depuis longtemps, quinze ans pour certains, toujours avec ces CDD « d'usage ». Comment vivre et parfois faire vivre des enfants avec moins de 1 000 euros par mois et des conditions aussi précaires ?
Début octobre, à Ipsos, suite à l'annonce de la direction de n'octroyer que 24 euros de prime de dividendes, dite « prime Sarko », les salariés ont considéré qu'il s'agissait là d'une véritable provocation et ont fait quinze jours de grève pour avoir les 1 000 euros promis. Ils ont finalement obtenu des primes allant jusqu'à 300 euros. Ce petit succès a fait le tour des entreprises de sondage et dans certaines, comme la Sofres ou MV2, des travailleurs commencent à s'organiser pour la grève. À la Sofres, sur le plateau de Malakoff, la direction inquiète a envoyé des vigiles pour empêcher la diffusion d'un tract intersyndical.
Il y a quelque temps, Laurence Parisot, présidente du Medef et aussi principale actionnaire de l'Ifop, a déclaré avec une bonne dose de cynisme : « La vie, la santé, l'amour sont précaires ; pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » La paix sociale elle aussi est précaire ! C'est peut-être ce que les employés des sociétés de sondage sont en train de lui démontrer.