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- Lutte ouvrière n°2257
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Sobrena -- Brest : Les capitalistes doivent payer
Le patron de la Sobrena, François Meunier, entend prendre sa retraite. À 58 ans, il estime pouvoir se mettre au vert sans rien devoir à quiconque. Ce monsieur est l'héritier d'une dynastie, vieille de plus d'un demi-siècle, dont la fortune s'est construite autour de l'activité navale. Ce n'est pas un de ces petits patrons sans grande notoriété dont il est de bon ton de nous vanter les difficultés, en opposition aux détenteurs de grandes fortunes. Le groupe Meunier a pris son essor comme sous-traitant de premier plan dans l'activité navale militaire lorsque l'arsenal de Brest était aux mains du ministère de la Défense. Il possédait jusqu'en 2005 la SDMO, entreprise fabriquant des groupes électrogènes, qui a compté jusqu'à 800 salariés avant d'être cédée au groupe américain Kholer.
On entend dire maintenant qu'il y aurait une crise de surcapacité dans le monde des armateurs. Beaucoup de navires devraient être mis à la casse en 2012, et ce serait autant de moins à réparer. Dans les années 1980, un armateur gardait un bateau environ trente ans. Mais maintenant l'investissement se ferait sur dix à quinze ans. Au bout de cinq années d'exploitation, l'armateur ferait un bon arrêt technique, et au bout de dix ans il revendrait son navire ou l'enverrait à la casse. Peut-être ! Mais pourquoi ces armateurs ne devraient-ils pas être tenus pour responsables du maintien des emplois ? Parmi les gros clients de la Sobrena, il y a eu pendant des années, à côté de Brittany Ferries, le groupe Shell, un des plus puissants groupes pétroliers de la planète, pour tout ce qui concerne ses méthaniers dédiés au trafic en Manche.
Rien d'étonnant en tout cas à ce que Meunier, après tant d'autres, invoque l'état du marché. Mais comment savoir s'il n'est vraiment plus en mesure, ou pas, de garantir l'emploi ? Tous ses comptes devraient être rendus publics. Ceux de la Sobrena comme ceux des autres entreprises qu'il dirige encore, mais aussi les comptes de ce que lui et ses proches, de même que les banquiers, les armateurs, les donneurs d'ordres ont pu gagner sur le dos des salariés de la navale.
Le travail doit être réparti entre tous, et l'ensemble des exploiteurs qui en profitent ou en ont profité devraient en être solidairement responsables, en garantissant des salaires permettant à tous de vivre dignement.