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Dans le monde
Sept milliards d'humains : La planète est vivable mais pas le système social
Selon les statisticiens de l'ONU, la belle planète Terre compterait désormais sept milliards de résidents. À quelques dizaines de millions près, car les chiffres ne sont pas aussi précis que les amateurs d'anniversaires et de nouvelles sensationnelles veulent le dire.
Contrairement aux précédents seuils connus, ce nouveau record n'a pas été accueilli par les cris d'horreur de soi-disant savants prophétisant les plus grandes catastrophes pour cause de « surpopulation ». En effet la croissance démographique ralentit et les extrapolations calculées actuellement par les démographes laissent prévoir une augmentation lente, voire à terme une stabilisation du nombre total d'êtres humains.
En fait, personne ne s'est jamais inquiété d'un trop grand nombre d'hommes en général, mais toujours d'un trop grand nombre de pauvres. Des philosophes grecs du temps de l'Athènes esclavagiste, il y a 2 500 ans, craignaient que les hommes libres et propriétaires soient incapables de contrôler et d'asservir un trop grand nombre de pauvres. À l'époque de la révolution industrielle anglaise, vers 1800, l'économiste Malthus, inquiet de voir les ouvriers pulluler sous ses fenêtres, voulait limiter leur fécondité et leur nombre, au besoin en les affamant. Il y a quarante ans, des démographes occidentaux, craignant l'arrivée des hordes d'affamés du Tiers Monde venant dévorer leur bol de céréales jusque dans leur cuisine intégrée, prédisaient l'explosion de la « bombe démographique » au tournant du 21e siècle. Encore aujourd'hui, des commentateurs affirment que les pays pauvres doivent d'abord leur misère à leur trop forte population. Mieux encore, les théoriciens de la « décroissance » prétendent que c'est le trop grand nombre d'êtres humains qui détruirait la planète.
Cette litanie de prétendues théories démographiques a un point commun : la peur des pauvres, réflexe ancestral et vital de tous les possédants.
Car la question n'est pas, et n'a jamais été, dans le nombre d'êtres humains. Elle réside dans la façon dont la société est organisée. Les démographes sérieux, les agronomes de l'ONU et jusqu'à son secrétaire général, l'ont dit à l'occasion de la naissance de notre sept milliardième contemporain : organisée rationnellement, la Terre peut nourrir, vêtir, éduquer, soigner bien plus de sept milliards d'êtres humains.
Mais, et évidemment l'ONU ne le dit pas, il faudra pour cela se débarrasser de l'oppression, c'est-à-dire de l'organisation capitaliste de la société, de la loi du profit qui entrave aujourd'hui tout le développement humain, qui commence même à le ramener en arrière. C'est cet avenir-là qu'il faut souhaiter et préparer, pour le sept milliardième humain et tous les suivants.