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- Lutte ouvrière n°2257
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Leur société
Guéant à Saint-Ouen : Une mise en scène sarkozyenne
Lundi 31 octobre, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant débarquait dans le hall d'un immeuble de Saint-Ouen, en banlieue parisienne, avec le préfet de Seine-Saint-Denis, le directeur de la police nationale, force policiers et bien sûr tous les médias convoqués par le service de presse du ministère.
Il s'agissait de promettre des jours meilleurs aux habitants. Et, dans la ligne du « nettoyage au Karcher » de triste mémoire, Guéant de proclamer : « Je veux travailler avec les habitants de cet immeuble et puis nettoyer ce quartier du deal de drogues, des guetteurs, etc. Et on va le faire. »
C'est que, quelques jours auparavant, France 2 avait diffusé dans son journal de 20 heures un reportage édifiant. En caméra cachée, on voyait dans le hall de l'immeuble un dealer arrêter le journaliste, lui demander où il allait, puis l'accompagner jusqu'à l'appartement où il disait vouloir se rendre et, faute que la porte s'ouvre, le reconduire vers la sortie en l'intimidant. Le gouvernement ne pouvait laisser passer cette démonstration de l'inanité de tous ses discours sur la sécurité. D'où, en réponse, le débarquement des forces de police, les rodomontades tonitruantes du ministre, bref la mise en scène produite cette fois par les services du ministère.
Dans ce quartier, voilà des mois que des habitants excédés par le trafic de drogue tentent de réagir, en appellent à la police pour que leur immeuble ne soit plus la chasse gardée des trafiquants, que ceux-ci soient chassés du hall et que la vie puisse redevenir normale. En pure perte. Le gouvernement sait évidemment ce qu'est la situation de ce quartier comme de bien d'autres. Il connaît la dégradation sociale qui, au fil des années, ne fait qu'empirer et qui empirera encore tant que le chômage connaîtra dans ces quartiers des taux record, tant que la jeunesse n'y aura aucun espoir de travail et d'avenir.
En réponse, à Saint-Ouen comme ailleurs, les policiers interviennent ponctuellement, puis repartent, et tout recommence. Les mesures annoncées par le ministre après sa visite éclair ne risquent pas de changer grand-chose. Il annonce un numéro vert pour joindre la police, des CRS pour la renforcer localement, l'ouverture de la réserve de la police à tous ceux qui voudront « apporter une contribution à l'oeuvre de sécurité », à qui seront offerts une formation, une indemnisation et un uniforme. Et pour s'opposer au recrutement de jeunes trafiquants, il propose « une sanction pécuniaire contre les parents qui laissent leurs enfants dans la rue après 23 heures » !
Les trafiquants de drogue n'ont pas grand-chose à craindre, mais ce n'est pas le problème de Guéant qui voulait montrer les muscles pour rameuter les électeurs.