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Grèce : Papandréou annonce un référendum - Commentaires révélateurs
Le Premier ministre grec Georges Papandréou a annoncé qu'il soumettrait à un référendum le plan « d'aide » élaboré jeudi 27 octobre par le Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement de la zone euro. Il n'en a pas fallu davantage pour que la panique se déclenche dans les capitales et les Bourses européennes.
Mardi 1er novembre, à la mi-journée, la Bourse d'Athènes et celle de Milan avaient perdu plus de 6 %, celle de Francfort plus de 5 %, Madrid, Paris et Londres avaient chuté dès l'ouverture, Tokyo, Hong-Kong et New York baissaient également. Les banques grecques perdaient de 14 % à 22 %, la Deutsche Bank et la Commerzbank plus de 9 % et les banques françaises de 10 % à 12 %.
Sarkozy convoquait une réunion d'urgence, une de plus, et les commentaires des responsables politiques se rejoignaient tous : « Irresponsable », ce comportement du Premier ministre grec, déclarait Christian Estrosi, « incompréhensible » ajoutait-il, cette décision devant un « plan courageux » car, quand « d'autres veulent vous aider, il est insultant de sauver sa peau plutôt que de prendre ses responsabilités ».
S'il parlait de la peau de Papandréou, il n'est pas sûr que ce coup de poker réussisse à la sauver. Qu'il s'agisse d'une manoeuvre pour faire taire les députés récalcitrants de son propre camp et les obliger à lui voter la confiance, ou bien qu'il veuille obliger la droite à faire avec lui un front commun, l'issue est incertaine. Il peut aussi miser sur la peur de quitter l'Europe qui, selon un sondage paru dimanche 30 octobre dans la presse grecque, animerait 72,5 % des Grecs interrogés. Mais comme près de 60 % rejettent le plan, rien n'est joué.
Le plus clair, dans cet événement, c'est la peur panique du recours à la sanction populaire, aussi encadrée soit-elle par un référendum, qu'ont exprimée les pouvoirs économiques et politiques, qui ne jurent pourtant que par la démocratie. L'agence de notation Fitch Ratings, agitant le spectre de la contagion à l'Italie et à l'Espagne, a résumé sans détours : cette initiative menacerait « dramatiquement » la stabilité financière de toute la zone euro.
Mais qui a déstabilisé de façon dramatique la vie des populations en Grèce, en Espagne, en Italie, si ce n'est la spéculation financière organisée par les banquiers de tous les pays ? Qui d'autre veut imposer aux salariés, aux couches populaires, de payer pour des dettes dont ils ne sont pas responsables ?
Que le référendum ait finalement lieu ou pas, la population grecque a déjà donné sa réponse dans la rue et elle est claire : c'est non à tous les sacrifices au profit des banquiers.