SNCF : Les contrôleurs en ont plus qu'assez !12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Les contrôleurs en ont plus qu'assez !

Jeudi 6 octobre, après qu'un contrôleur a été agressé et grièvement blessé à coups de couteau par un déséquilibré dans le train Lyon-Strasbourg, la quasi-totalité des contrôleurs SNCF ont « posé la sacoche ». Le mouvement s'est propagé comme une traînée de poudre.

Les contrôleurs se sont rassemblés dans tous les établissements et ont suivi l'évolution de la situation grâce en particulier aux Smartphones, un équipement fourni par la SNCF qui a bien servi cette fois-là ! Les syndicats ont répercuté les informations, au fur et à mesure que les différents secteurs s'arrêtaient.

L'émotion était grande et beaucoup disaient les difficultés qu'ils ressentaient. Depuis des années, les agressions et les incivilités de toutes sortes se multiplient tant en grande ligne qu'en banlieue, alors qu'auparavant c'était plutôt rare sur les grandes lignes. À chaque agression, la direction rejette la faute sur le contrôleur, alors qu'elle pousse à faire du chiffre. Et lorsque Guillaume Pépy, le président de la SNCF, a déclaré que l'agresseur était « un malade et que cela pouvait arriver dans la rue », la colère est montée d'un cran.

Les contrôleurs ont vu là l'expression du mépris de quelqu'un qui feint d'ignorer qu'ils sont tous les jours en première ligne, confrontés aux conséquences de la dégradation du service, liée en particulier à la réduction des effectifs. Lors des assemblées générales qui se sont tenues, la revendication majeure était d'exiger d'être au minimum deux sur chaque train pour contrôler. Cela fait des années que les contrôleurs réclament cette double présence, mais la direction vise un seul contrôleur.

Le coup de colère qui a suivi l'agression a fait prendre conscience à beaucoup d'entre nous qu'il est possible de cesser le travail sans avoir besoin de préavis ou de procédures « d'alertes sociales ».

Dans la soirée du jeudi 6, la direction a annoncé qu'elle donnait aux contrôleurs jusqu'au vendredi 7 octobre à midi pour reprendre le travail car, selon elle, « l'émotion était passée ». Mais même si elle a menacé de déclarer en absence irrégulière ceux qui ne respecteraient pas son délai, bien des reprises se sont étalées jusqu'au samedi 8.

Aujourd'hui, la SNCF annonce qu'elle instaurera début 2012 un filtrage sur les quais avant le départ de certains trains. Ce qu'elle ne dit pas, c'est qu'ainsi elle espère faire circuler les trains avec un seul contrôleur, sous prétexte que, dit-elle, la sécurité sera assurée par le filtrage. Mais ce filtrage ne peut que ralentir l'accès au train, provoquer des retards et donc un nouveau mécontentement des usagers, sans compter que, lors des arrêts tout au long du parcours, les filtrages seront peu nombreux faute de personnel. On voit donc mal comment un contrôleur seul dans le train pourrait être alors en meilleure situation de sécurité.

Tous les contrôleurs en ont plus qu'assez de s'exposer aux agressions et autres incivilités. Et cette grève spontanée a permis de mesurer la force qu'ils représentent et leur volonté de se faire respecter.

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