Pologne : Après les élections12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pologne : Après les élections

La Pologne a élu le 9 octobre ses députés et sénateurs. De prime abord, ce qui ressort du scrutin est la majorité confortée qui revient, avec 39,2 % des voix, au dirigeant gouvernemental actuel, Donald Tusk, à la tête du parti de droite PO, et la relative sanction infligée au plus réactionnaire parti de droite Pis, dirigé par Kaczynski, avec 29,9 % des voix.

Ironie de l'histoire même, dans un pays qui était sorti de l'orbite de l'URSS pour semblait-il se placer dans celle du pape, le petit succès du mouvement anti-clérical Ruch Palikota, avec 10 % des voix, ressemble à un pied de nez à une tradition bien lourde.

Il faut dire qu'après avoir tenté de guerroyer contre la Russie, après l'accident d'avion de Smolensk en 2010 qui avait coûté la vie à son frère, alors président de la République polonaise, Kaczynski à la tête du Pis venait de déclarer ouverte la croisade contre l'Allemagne. Ce climat d'opprobre perpétuel tend sans doute à lasser une petite bourgeoisie urbaine qui a profité de l'évolution récente de la Pologne pour se rapprocher, sinon en termes de développement économique du moins en mode de vie, des pays d'Europe occidentale.

Signe des temps de cette Pologne actuelle, celui qui incarne ce courant, Palikot, n'est pas une ancienne victime des ignominies de l'Église -- et pourtant la société polonaise n'en manque pas -- mais un jeune et ambitieux homme d'affaires, tout juste sorti du parti PO. Et, mis à part le domaine des moeurs, il n'est pas très différent du reste des hommes politiques du parti vainqueur PO, qui incarne les espoirs et les illusions d'une bourgeoisie et d'une petite bourgeoisie accrochées à la traîne des grands groupes économiques d'Europe occidentale, qui ont mis sous leur coupe l'économie polonaise, en leur laissant au passage quelques miettes à grignoter.

C'est cette évolution économique que les journalistes observent parfois avec des lunettes roses, en voyant en la Pologne un des pays de l'Est qui seraient sortis gagnants de l'évolution récente, contrairement à d'autres pays proches, comme la Hongrie, la Bulgarie, la Roumanie, qui eux en sortiraient perdants. Il y a pourtant, en Pologne aussi, bien du monde qui reste sur le bas côté !

En témoignent nombre de faits. Par exemple, les travailleurs en contrats précaires, souvent nommés « contrats poubelle », représentent un tiers de la population active salariée, le record d'Europe ! Il faut y ajouter la situation proche de la misère d'une grande partie des retraités, et aussi des chômeurs de parfois très longue durée des régions sinistrées du nord-est au sud-est du pays. Ou aussi le salaire minimum de moins de 350 euros, alors que les prix de certains produits alimentaires, ou encore de l'essence, sont les mêmes qu'en Europe occidentale, et que l'inflation cette année a été de 5 %, avec des records à +17 % pour la viande de volaille, + 12 % pour le sucre, + 7 % pour le pain. Ou encore la situation du million de personnes, un peu plus aisées certes que d'autres puisque les banques leur ont consenti un prêt, mais qui aujourd'hui ont vu leur mensualité doubler car leur prêt est indexé sur le franc suisse ou la couronne suédoise.

Pas étonnant alors que ces résultats électoraux soient, comme le dit la presse, ceux d'un « vote sans enthousiasme » où même pas un Polonais sur deux (47,25 % des électeurs) est allé voter.

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