Montupet Fonderies du Poitou Alu Ingrandes (Vienne) : Le patron se défausse, la grève continue12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Montupet Fonderies du Poitou Alu Ingrandes (Vienne) : Le patron se défausse, la grève continue

Alors que la grève est entrée dans sa sixième semaine à la fonderie d'Ingrandes-sur-Vienne, la ténacité des travailleurs en lutte contre la baisse de 25 % des salaires projetée par leur patron, le groupe de fonderie Montupet, commence à faire bouger les choses.

Du côté des pouvoirs publics, inquiets de toute évidence de voir une lutte d'une telle détermination se prolonger, dans un contexte où le monde du travail dans son ensemble est brutalement attaqué, le ministre de l'Industrie, Éric Besson, s'est exprimé avec quelque fermeté contre l'attitude de Montupet.

Interpellé à l'Assemblée par une députée PS de la Vienne, le ministre a déclaré que les patrons de Montupet « ne peuvent nous dire qu'il n'y a pas d'autre solution que la baisse des salaires... ou la fermeture du site. Nous exigeons très clairement du groupe qu'il examine, avec les représentants des salariés, l'ensemble des solutions de nature à garantir l'avenir de ces fonderies ». Et d'ajouter : « Nous n'accepterons aucun laisser-faire de la part de Renault (le donneur d'ordres principal), et aucun chantage de la part du groupe Montupet, à l'encontre de ses salariés comme de son principal client. »

Le ministre Besson va avoir l'occasion de montrer si ses déclarations ne visaient qu'à se démarquer devant l'opinion du comportement de gangster de Montupet, ou s'il entend s'impliquer vraiment dans le dossier.

Lundi 10 octobre, alors que les grévistes préparaient leur participation à la manifestation interprofessionnelle du 11, ils ont en effet appris que la direction de la fonderie d'Ingrandes convoquait un Comité d'entreprise extraordinaire jeudi 13 octobre, avec à l'ordre du jour un projet de dépôt d'une déclaration de cessation des paiements.

Ainsi Montupet, groupe bénéficiaire dont le chiffre d'affaires a progressé de 32 % au premier semestre 2011, dont le PDG et principal actionnaire Magnan s'octroie un salaire annuel d'un million d'euros, en plus du revenu de son paquet d'actions, voudrait s'exonérer de toute obligation, à commencer par celles vis-à-vis des salariés ! Après avoir délibérément baissé la charge de la fonderie d'Ingrandes en même temps qu'il surchargeait ses établissements de Châteauroux et de Laigneville, après avoir contraint les salariés à une longue grève en les mettant sous la menace d'une amputation d'un quart des salaires, Montupet voudrait à présent continuer à s'enrichir tranquillement de la surexploitation des travailleurs de ses autres fonderies, tandis qu'un administrateur judiciaire se chargerait de la recherche d'un hypothétique repreneur, avant la probable liquidation de l'entreprise et la mise au chômage de ses salariés.

Les fondeurs d'Ingrandes ont beau rejeter Montupet et ses méthodes de toutes leurs forces, ils n'entendent pas pour autant le laisser fuir ses responsabilités. Pas plus qu'ils n'acceptent que Renault et les pouvoirs publics les laissent arriver à la case chômage en se défaussant sur les décisions d'un tribunal de commerce.

Toujours en grève, toujours déterminés, ils peuvent exiger du gouvernement qu'il tienne les engagements du ministre Besson de n'accepter « aucun laisser-faire de la part de Renault, et aucun chantage de la part du groupe Montupet ». C'est-à-dire que soit trouvée dès maintenant une solution qui préserve à Ingrandes ce pour quoi ils se battent depuis si longtemps : les emplois et les salaires.

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