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Égypte : La répression d'une manifestation copte Le régime militaire montre son visage
Dimanche 9 octobre au centre du Caire, des blindés de l'armée ont foncé dans la foule des Égyptiens coptes qui manifestaient, provoquant la mort d'au moins 25 personnes et des centaines de blessés. Un médecin légiste a mentionné une dizaine de personnes littéralement écrasées.
Partis du quartier de Choubra et se dirigeant vers le siège de la télévision d'État, les milliers de manifestants protestaient contre la lenteur des autorités à enquêter sur l'incendie d'une église copte à Assouan, une semaine auparavant. Nombre d'entre eux reprochent d'ailleurs au gouvernement transitoire son peu d'empressement à réviser les réglementations autorisant la construction ou la réparation d'églises chrétiennes, et à réviser les lois qui les discriminent. À plusieurs reprises, depuis plusieurs mois, cela a été à la source de rassemblements de Coptes, aussitôt réprimés par la police ou l'armée.
Cette fois, selon de nombreux témoins visuels, la manifestation semble avoir été violemment assaillie de sang-froid par deux blindés de l'armée, qui ont écrasé les participants se trouvant sur leur chemin. Au même moment la télévision d'État, la « voix de son maître » qui se fait le porte-parole des militaires au pouvoir, prétendait que des Coptes auraient attaqué l'armée, que trois soldats auraient péri à cette occasion, et appelait la population à la rescousse pour protéger les militaires.
En fait d'attaques contre les militaires, des manifestants ont raconté avoir été agressés par des policiers et des soldats, renforcés par de nombreux « baltageyya », voyous fréquemment présents, voire mobilisés contre les manifestants qui s'en prennent au gouvernement provisoire et au Conseil supérieur des forces armées.
La répression de la manifestation des Coptes, rejoints apparemment par d'autres participants choqués par la propagande de la télévision, a provoqué la colère et l'organisation, le lendemain, d'une nouvelle manifestation regroupant une dizaine de milliers de personnes.
Depuis, un des deux vice-Premiers ministres, Beblaoui, a donné sa démission d'un gouvernement dont il déplore « la responsabilité au final » dans le massacre. Cette fois, l'armée est impliquée aux yeux de tous. Mais elle n'a jamais été innocente dans les violences anti-Coptes de ces derniers mois, notamment à Alexandrie lors du jour de l'an, en mars à Moqattam, en avril à Qena et en mai à Imbaba.
Les élections législatives promises après le départ du dictateur Moubarak sont censées avoir lieu fin novembre, mais la tension est loin d'être retombée dans le pays. Le régime tend à y répondre de plus en plus par la répression violente, tout en soufflant sur le feu des affrontements religieux.
Et les exigences des travailleurs et de la population pauvre demeurent.