Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a, une fois de plus, stigmatisé une, puis deux communautés étrangères, les Roumains et les Comoriens, les rendant responsables de l'insécurité.

À Paris et dans une ou deux autres grandes villes des jeunes Roumains -- des mineurs donc -- multiplient les larcins dans les transports et autres lieux publics. Selon les chiffres donnés par Guéant, cette délinquance serait en augmentation depuis deux ou trois ans.

Or les mineurs en question sont le plus souvent exploités et contraints à la délinquance par des gangs mafieux, dont les dirigeants ne vivent pas nécessairement en France. En fait, les jeunes voleurs sont d'abord des victimes qu'il faudrait aider à échapper à ceux qui les exploitent. C'est évidemment difficile, et hors de propos et d'objectif pour le ministre de l'Intérieur. Mais comme les groupes de jeunes Roumains sont plus « visibles » que les pickpockets issus du « terroir », haro donc sur les Roumains.

Et que propose Guéant ? De les ramener à leurs parents, si on le peut, et en tout cas de les reconduire en Roumanie où ils seraient confiés « au service d'aide à l'enfance roumain ». On ignore, et sans doute Guéant tout le premier, ce que vaut ce service à l'enfance et comment il traitera les jeunes qui lui seront ramenés, surtout si ceux-ci sont des Roms, particulièrement mal vus et persécutés en Roumanie.

Mais pour Guéant le problème n'est pas là. Il est de proclamer que le ministre de l'Intérieur lutte contre l'insécurité, et spécialement quand celle-ci est provoquée par des étrangers. L'UMP de son patron Sarkozy est en concurrence avec le Front national, qui dénonce les étrangers. Il faut donc faire autant en action que le FN en paroles. Et peu importe que la reconduite de mineurs à la frontière soit illégale.

Mais, les Roumains ne suffisant pas, Guéant s'en est également pris aux Comoriens de Marseille. « Je peux vous dire qu'il y a à Marseille une immigration comorienne, importante qui est la cause de beaucoup de violence », a-t-il déclaré, provoquant des protestations y compris au sein de la droite locale, qui doit tout de même tenir compte des 80 000 Comoriens vivant dans la cité méridionale.

Les délinquants étrangers, réels ou montés en épingle, cela pourrait, espère-t-il, rapporter des électeurs. À qui d'ailleurs ? À Sarkozy ou à Marine Le Pen ?