Grèce : C'est aux capitalistes de payer07/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2253.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grèce : C'est aux capitalistes de payer

La Troïka, qui regroupe l'Union européenne, la Banque européenne et le FMI, vient d'exiger de nouvelles mesures d'austérité. Le Premier ministre Papandréou a vaguement protesté en affirmant : « La Grèce ne deviendra pas l'Inde. » Puis son gouvernement a juré qu'il tiendrait ses engagements.

Les fonctionnaires grecs menacés de licenciement, les jeunes qui protestent contre le manque de professeurs et de livres scolaires, ont continué ou recommencé des grèves avec occupation de locaux publics. Et les différents gouvernements européens et les médias à leur service répètent en boucle qu'il est nécessaire de « faire payer les Grecs » parce qu'ils auraient vécu, osent-ils dire, « au-dessus de leurs moyens » et « aux crochets » de l'Union européenne.

Mais quels Grecs ? Qui a profité de la dette, si ce n'est les possédants, les capitalistes, qui ont accumulé des profits substantiels et ont exigé que, crise ou pas crise, l'État à leur service continue à leur garantir ces profits ? Ces capitalistes, ces banquiers sont de tous pays, y compris grecs.

Les capitalistes grecs les plus connus, les armateurs, dominent depuis longtemps le monde de la marine marchande : en 2009, malgré la baisse du commerce mondial, ils ont eu les moyens de passer commande aux chantiers navals coréens ou chinois de 748 nouveaux navires. Entre leur flotte propre et de plus petites qu'ils contrôlent, ils représentent 20 % de la flotte mondiale. Et, comme le rappelle dans un article le militant trotskyste Dimitris Livriadis, ils bénéficient de 57 exonérations fiscales et versent au fisc moins d'impôts que les travailleurs immigrés.

Les banquiers grecs se sont enrichis : dans les Balkans, en Europe orientale, en Turquie, leurs succursales étrangères leur ont rapporté des profits énormes. 45 % des profits de la Banque nationale grecque viennent de Turquie, 41 % pour la Banque du Pirée. Avec la crise, ils ont récupéré de l'État 28 milliards d'euros, puis 10 milliards grâce au prêt international à la Grèce de 2010.

Dans les mêmes pays d'Europe balkanique et orientale, mais aussi en Russie et au Moyen-Orient, des entreprises grecques se sont enrichies. Celles de la construction ont des chantiers pour des raffineries d'Arabie saoudite, pour des autoroutes en Pologne, pour toutes sortes de travaux publics ou privés dans les Balkans. Il existe de très grosses sociétés basées en Grèce, comme Intralot, seconde entreprise mondiale de jeux et de paris. On y trouve aussi des trusts comme celui que dirige Andreas Vgenopoulos, qui réunit à la fois la banque Marfin, Attica Holdings (agence de voyages, transport maritime), Vivartia Holdings (industrie alimentaire, restauration rapide), Olympic Air (compagnie d'aviation), des sociétés d'investissement.

Ces sociétés capitalistes grecques n'ont certes pas le même niveau que celles des pays les plus développés, comme les USA, l'Allemagne ou même la France. On trouve dans ces sociétés une imbrication de capitaux de toutes origines.

Mais les capitalistes grecs existent bel et bien et ils ont accumulé des profits en spéculant, en s'immisçant dans les sociétés publiques, en achetant et en se faisant racheter, en raflant les aides de l'État et de l'Europe. C'est pour eux que l'État s'est endetté et ce n'est donc pas à eux qu'il demande de payer. Comme partout, c'est aux travailleurs qu'il demande de rembourser des dettes faites par ceux qui les ont exploités, et à leur seul profit.

Si quelqu'un a donc vécu et vit « au-dessus de ses moyens », ce n'est pas « les Grecs » en général, pas plus que « les Espagnols », « les Italiens » ou « les Français ». Ce sont les capitalistes, qu'ils soient grecs ou européens en général, qui agissent pour qu'en cette période de crise leurs profits soient maintenus. Les possédants ont créé la dette, à eux de la payer.

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