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Ventes d'armes et grosses commissions : Les mafias qui nous gouvernent
Le juge Van Ruymbeke, qui instruit le volet financier de l'affaire de Karachi, a mis en examen mercredi 14 septembre l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takiedinne, qui a servi d'intermédiaire pour le compte du gouvernement français dans plusieurs contrats avec le Pakistan et l'Arabie saoudite.
Il est soupçonné d'avoir perçu des commissions en marge de deux contrats d'armement signés, en 1994, par le gouvernement Balladur. Le premier a abouti à la vente de trois sous-marins au Pakistan, le second concernait la cession de deux frégates à l'Arabie saoudite. Les deux fois, c'est le ministre de la Défense de l'époque, François Léotard, qui l'avait invité à la table des négociations.
Dès la première audition, Takiedinne a nié avoir joué un quelconque rôle dans le premier contrat mais admis sa participation au second, mais en expliquant que Chirac, lors d'un voyage en Arabie saoudite, avait nui à cette négociation en reprochant à un de ses interlocuteurs, le prince Abdallah, devenu roi depuis, le fait que des « frais commerciaux exceptionnels » (FCE) associés à ce contrat avaient permis de financer la campagne de son adversaire de 1995, Balladur.
Ces FCE masquaient les pots-de-vin versés alors en toute légalité aux décideurs du pays acheteur, dans le cadre d'un contrat d'armement. Une fois élu, Chirac avait fait stopper le versement de certaines de ces commissions, car il les soupçonnait de revenir, sous forme de rétro-commissions, dans les caisses de Balladur. Du coup, Takiedinne avait fait appel au milliardaire et homme politique libanais Rafic Hariri, par ailleurs lié à Chirac, pour compenser les commissions bloquées. Mais, comme le contrat aurait finalement été réglé dans les termes prévus, l'argent débloqué par Hariri aurait pris la direction des caisses du clan Chirac.
Takiedinne a également évoqué un troisième contrat portant sur la surveillance des frontières de l'Arabie saoudite et ayant divisé les clans Chirac et Sarkozy dans les années 2000, ceux-ci se suspectant mutuellement de vouloir y prendre leur dîme. Cette fois, il s'en est pris à Villepin en le rendant responsable de l'échec final du contrat.
Takiedinne a donc botté en touche en direction de Chirac et Villepin, à la façon de l'avocat Bourgi dénonçant les « mallettes africaines ». Il faut dire que, depuis 2003, il fréquente la garde rapprochée de Sarkozy : Guéant, Hortefeux, Copé, Estrosi et quelques autres.
On ne sait pas dans quelle mesure cette lutte entre les deux clans de la droite pour se partager des commissions de contrats d'armement a pu conduire à l'attentat de Karachi, qui a coûté la vie à 14 personnes, dont onze employés et sous-traitants de la Direction des constructions navales. L'intermédiaire est moins bavard sur ce point, mais ce qu'il dit est déjà suffisamment édifiant sur les clans mafieux qui nous gouvernent.