- Accueil
- Lutte ouvrière n°2251
- Un programme d'aide alimentaire menacé : Des restrictions scandaleuses
Leur société
Un programme d'aide alimentaire menacé : Des restrictions scandaleuses
Les autorités européennes envisagent de réduire fortement les moyens accordés au « programme européen d'aide aux plus démunis », le PEAD.
Ce programme a été créé en 1987 à l'initiative de Coluche, fondateur des Restos du Coeur, et de Jacques Delors, alors président de la Commission européenne. À l'époque, les excédents agricoles étaient considérables, d'où leur idée de mettre à disposition des États membres des stocks de produits agricoles issus de la politique d'intervention européenne, notamment des céréales, du riz, du sucre, du beurre et de la poudre de lait. Les États pouvaient ensuite troquer ces stocks contre des denrées alimentaires mises à la disposition des associations caritatives pour être redistribuées aux plus démunis.
Mais depuis plusieurs années, les stocks agricoles européens sont en baisse. Or le PEAD prévoit qu'en cas d'indisponibilité temporaire, les États disposent d'une enveloppe permettant l'achat direct de produits alimentaires. Sauf que cette exception est devenue la règle, ce qui n'est pas du goût de certains gouvernements européens, comme en Allemagne, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas. Ces derniers arguent que l'aide aux plus démunis devrait relever des choix budgétaires de chaque État concerné, et non de l'Union européenne.
Actuellement, le PEAD permet d'apporter une aide alimentaire à plus de 13 millions de personnes dans 19 des 27 États de l'Union, les principaux bénéficiaires étant l'Italie, la Pologne et la France. En Pologne et en Hongrie, par exemple, ce programme assure 90 % des approvisionnements des banques alimentaires.
Remis en question, ce fonds devrait passer de 480 millions d'euros annuels à 113,5 millions en 2012, soit une diminution de 76 %. En ce qui concerne la France, sa part devrait passer de 72 millions à 15 millions. Or le PEAD représente de 23 à 55 % des denrées collectées par les associations françaises. Selon un responsable de la Croix Rouge, cette coupe dans l'aide accordée aux plus démunis pourrait se traduire par 130 millions de repas en moins en 2012. Cette situation indigne d'autant plus les représentants des organisations caritatives que ces restrictions interviennent alors qu'il n'y a jamais eu autant de demandes.
Ces choix sont d'autant plus révoltants que les États européens dépensent sans compter pour renflouer les banques, les institutions financières et les grandes industries. Et si des millions d'Européens en sont réduits à vivre de l'aide alimentaire, c'est bien à cause du chômage, de la précarité et des coupes dans les salaires et les pensions. Une situation dont sont pleinement responsables les capitalistes et les politiciens à leur service dans tous les pays de l'Union européenne !