Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : expulsion des Roms : le tram de la honte07/09/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2249.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : expulsion des Roms : le tram de la honte

Le 31 août au matin, les CRS ont débarqué dans un campement de Roms à Saint-Denis et en ont expulsé les occupants. Puis ils les ont conduits jusqu'à la station de tramway, où ils ont été contraints de monter dans un tram spécialement affrété.

À Noisy-le-Sec, a raconté l'un d'eux, « on a dû prendre le RER. À chaque fois qu'on voulait descendre à une station, des policiers étaient là et nous en empêchaient. On a dû changer de trains plusieurs fois, ça a duré trois heures ». La coordinatrice de Médecins du monde a, pour sa part, déclaré : « Des familles nous ont appelés pour avoir des nouvelles de leurs enfants mineurs dont elles avaient été séparées avant l'entrée dans le tram. »

La RATP et la préfecture de Seine-Saint-Denis se rejettent la responsabilité de cet affrètement d'un convoi spécial destiné à perdre les expulsés le plus loin possible de leur ancien domicile. La préfecture prétend que les familles se sont dirigées de leur plein gré vers le tram et que tout a été fait de façon parfaitement légale, au vu d'un arrêt d'expulsion délivré par le tribunal d'instance de Bobigny !

C'est bien là le problème : « légalement », en 2010, 9 000 des 15 000 Roms présents en France ont été expulsés. En 2011, rien n'a changé, ni les expulsions, ni le nombre de Roms présents sur le territoire français, car ils fuient souvent des situations encore plus épouvantables dans leurs pays d'origine. Bien que citoyens européens et théoriquement libres de circuler, ils sont systématiquement traités comme des citoyens de seconde zone, expulsés régulièrement, et de plus en plus rapidement, de leur campements. Chaque expulsion augmente leur pauvreté et le manque de suivi dans les soins, selon Médecins du monde qui dénonce cet acharnement contre les Roms devenus des boucs émissaires « autorisés ».

Cette autorisation vient de haut : Sarkozy, dans son discours de Grenoble il y a un an, a désigné les Roms comme responsables des problèmes de sécurité et on peut penser que cette démagogie xénophobe et anti-pauvres ne risque pas de disparaître en cette année d'élections.

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