Turquie : La violence contre les femmes ne cesse pas31/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2248.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Turquie : La violence contre les femmes ne cesse pas

L'article suivant est extrait de Sinif Mücadelesi d'août 2011, journal de nos camarades turcs de l'UCI.

Dans la région du Hatay, la jeune Ceylan, âgée de 21 ans, avait quitté son mari en emmenant sa fille et avait cru trouver refuge chez son père. Elle a été assassinée sous prétexte de préserver « l'honneur ». Les meurtriers sont le père, les frères, les oncles, les parents proches. Ceylan aurait sali l'honneur de la famille en préférant épouser l'homme de son choix plutôt qu'un cousin. Forcée de revenir au bercail, elle l'a payé de sa vie !

Mais on peut mourir aussi des coups du conjoint. Ainsi à Balikesir, le mari d'Aysel, dont elle voulait divorcer après six ans de mariage, l'a battue, a tenté de l'étrangler, puis l'a brûlée au visage à l'acide. À Ankara, après que deux femmes ont été tuées sous les yeux des enfants par leurs ex- maris, le massacre a continué avec la mort de quatre autres femmes.

Des femmes sont ainsi tuées par leurs proches, pères, frères ou maris. Moyennant quoi, à en croire les sondages, les Turcs seraient « heureux » grâce à leur sens de la famille... Mais cet ordre familial là mériterait seulement de disparaître.

La violence mortelle contre les femmes au sein de la famille est liée à la persistance des vieilles idées réactionnaires, soutenues et protégées par ce système. Dans cette société, la pauvreté et le chômage, l'inégalité des revenus ont des conséquences à tous les niveaux des relations humaines. Et lorsque des problèmes surgissent au sein de familles où l'homme se considère comme seul maître à bord, il en attribue la faute aux femmes et en fait une question d'« honneur ».

À tout cela s'ajoutent les idées religieuses réactionnaires encouragées par les politiciens. Ceux-ci, alliés aux institutions religieuses, défendent l'idée que les hommes doivent défendre leur honneur face aux femmes, décider du mariage de celles-ci et leur interdire toute autre relation sexuelle, et que dans la famille le dernier mot doit rester aux hommes. C'est ce que l'on apprend dans des conférences organisées par des associations, des écoles privées, des municipalités. Premier ministre et président de la République exhibent des épouses qui se montrent voilées, dociles et souriantes au côté de leur mari, délivrant le message selon lequel elles sont sa propriété et son esclave.

Il est vrai qu'en 2008, des améliorations importantes ont été apportées aux droits des femmes, au moins en principe, dans la Constitution et le Code civil. Mais les années ont passé, et bien que les femmes soient censées être sous la protection de la police, de tels meurtres continuent. Une raison est la solidarité masculine entre maris et policiers, qui fait que ceux-ci renvoient la femme à son époux violent en lui disant : « C'est ton mari, fais la paix. » La plupart des policiers pensent en fait comme les maris et donnent raison à ceux-ci.

Et c'est dans ces circonstances que le Premier ministre a pu déclarer : « La femme n'est pas l'égale de l'homme, elle doit seulement être égale en droits. » C'est encourager tous ceux qui méprisent les femmes.

Il y en a assez de ces idées et de ces pratiques réactionnaires, il faut faire cesser ces assassinats !

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