Syrie : La détermination de la population ne faiblit pas31/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2248.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Syrie : La détermination de la population ne faiblit pas

Cinq mois après le début des manifestations en Syrie, à la mi-mars dernier, la répression aurait fait plus de 2 200 tués selon l'ONU. Il n'y a pas de jours sans son cortège d'interventions des forces de répression ici ou là, de morts, de blessés et d'arrestations arbitraires.

Les forces du régime ont tué au moins 8 personnes vendredi 26 août, jour où des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues dans plusieurs villes, comme toutes les semaines. Lundi 29, l'armée est intervenue dans au moins trois villes différentes, tuant 13 personnes.

Mais le courage et la détermination de la population, probablement encouragée par la chute de Kadhafi en Libye, posent un problème croissant aux puissances impérialistes.

Elles avaient jusque-là soigneusement dosé leur condamnation du régime, qu'elles reconnaissaient, quoi qu'elles en disaient, comme une puissance régionale mesurée et stabilisatrice, notamment au Liban, dans le conflit avec Israël, dans la guerre civile irakienne.

L'incapacité de Bachar al-Assad à reprendre la main, soit par la répression, soit par des mesures politiques, ajoute aujourd'hui dangereusement à l'instabilité de cette région qui est une véritable poudrière, où les populations subissent une misère effroyable.

Des informations publiées lundi 29 par le journal espagnol El Pais, faisant état de centaines de défections dans l'armée syrienne et de l'arrivée en contrebande de cargaisons d'armes en Syrie au profit des opposants, augmentent les craintes d'un soulèvement armé de la population, ce que les puissances impérialistes redoutent par-dessus tout.

Les distances ou critiques venant de Turquie, où le président dit ne plus avoir confiance dans le régime syrien, de la Ligue arabe, qui appelle Assad à « suivre la voie de la raison avant qu'il ne soit trop tard », et même de l'Iran, principal allié de la Syrie, témoignent de la même inquiétude.

Sans doute pour dégager leur responsabilité et préserver leur image, États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne et France ont appelé le 18 août à la démission du président syrien Bachar al-Assad.

Et d'autres pressions, économiques, sont en discussion. Jusque-là, seules des mesures de gel d'avoirs de quelques responsables du régime avaient été prises, les États-Unis y ajoutant -- mais ce n'est pas le pays le plus concerné économiquement -- un embargo sur le pétrole syrien et l'interdiction de tout investissement dans le pays.

C'est l'Union européenne qui absorbe 95 % des exportations syriennes de pétrole et contribue ainsi pour un quart à un tiers des recettes du pays. L'anglo-néerlandais Shell et le français Total, qui a poursuivi sa production jusque-là, sont les deux principaux producteurs occidentaux en Syrie. Si l'Union européenne adopte finalement un embargo sur le pétrole syrien, il n'est pas question de geler les exportations de matériel pour les installations pétrolières et les investissements dans ce secteur. D'autres sanctions envisagées concernent les banques, l'énergie et les télécommunications.

On le voit, la pression reste modérée, à la mesure de la perplexité des grandes puissances, toujours à la recherche d'une solution politique crédible, avec ou sans Assad.

C'est dire si la population révoltée de Syrie n'a rien à attendre d'elles.

Partager