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Dans le monde
Chili : Deux jours de grève nationale
Mercredi 24 et jeudi 25 août, le Chili a été secoué par une grève nationale appelée par le principal syndicat, la Centrale unitaire des travailleurs. Les manifestations auraient rassemblé 600 000 personnes dans les principales villes du pays.
Dans la capitale, Santiago, les cortèges étaient imposants. Les universités et les administrations étaient fermées, des dizaines d'avenues coupées de barricades. Le gouvernement a fait donner canons à eau, gaz lacrymogènes et police montée. Il y a eu près de 1 400 arrestations. Un adolescent a été tué par balle au cours d'affrontements nocturnes entre policiers et groupes de jeunes.
Cette grève est l'aboutissement de mouvements contestataires commencés en janvier dans la ville de Punta Arenas, sur le détroit de Magellan, à la pointe sud du continent américain. La population s'y est révoltée contre la hausse du prix du gaz, quand le climat froid impose de chauffer dix mois sur douze. Puis ce furent de grandes manifestations contre un projet de barrage hydroélectrique qui aurait noyé une vaste réserve naturelle en Patagonie. Enfin, à partir de juin, les étudiants n'ont cessé de protester contre le coût des études, bloquant les universités et manifestant massivement dans les grandes villes.
Les revendications étudiantes étaient bien sûr au centre des manifestations des 24-25, et en premier lieu la gratuité des études. Au Chili, la dictature de Pinochet (1973-1990) a instauré un système à l'américaine. Il faut payer cher, même pour étudier dans les universités publiques dont le niveau est souvent bas. Les familles doivent s'endetter pour financer les études des jeunes. Jeudi une pancarte disait : « Cinq ans d'études, quinze de remboursements ».
Mais bien d'autres revendications s'exprimaient aussi, qui sont celles des travailleurs : amélioration des retraites, code du travail plus favorable aux salariés, baisse des impôts, amélioration des services publics de l'éducation et de la santé. Les gens sont révoltés par leurs faibles revenus, alors que les entreprises affichent leur prospérité et qu'en particulier les cours du cuivre, dont le Chili est le premier producteur mondial, sont au plus haut.
Le gouvernement de droite du président Piñera, élu début 2010, a tenté de discréditer la grève. Il l'a accusée d'être une grève politique, manipulée par le centre-gauche battu il y a dix-huit mois dans les urnes. Sans aller jusqu'à instaurer un couvre-feu, il a fortement invité les salariés à rentrer à la maison après le travail. Ces pressions sont restées sans effet. Le président bat ses propres records d'impopularité. Quant à l'opposition de gauche, elle ne proteste que pour la forme, elle qui en vingt ans de gouvernements a été incapable de rétablir le niveau de vie des travailleurs et de changer le système établi par Pinochet.
Grévistes et manifestants luttent pour défendre leurs conditions de vie et de travail, et leur combativité semble loin d'être épuisée.