Anovo - Angers (Maine-et-Loire) : Les ex-salariés de Thomson de nouveau menacés31/08/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/09/une2248.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Anovo - Angers (Maine-et-Loire) : Les ex-salariés de Thomson de nouveau menacés

Le 28 juillet, en pleine période des vacances, les 1 200 travailleurs des six sites français du groupe Anovo (dont Brive, Montpellier et Angers) ont appris que les menaces de fermeture, dans l'air depuis déjà un moment, se soldaient par une mise en redressement judiciaire. Ce groupe, implanté au niveau international, est spécialisé dans l'entretien et la maintenance de matériels électroniques.

Après avoir dépensé des millions d'euros dans un programme dit Optima, qui avait pour but d'optimiser les coûts sur plusieurs sites en Europe, les responsables annoncent aujourd'hui une dette de 9 millions d'euros.

Dernièrement, les travailleurs ont appris que le président du Conseil d'administration avait démissionné, sans oublier d'empocher au passage, par la vente d'un paquet d'actions, une somme qui avoisinerait (selon de plus petits actionnaires)... un million d'euros. Voilà qui juge les dirigeants de ce groupe, qui comptent bien faire payer la note aux travailleurs, en empochant au passage le pactole.

À Angers Beaucouzé, l'entreprise Anovo date de 2005. Elle a été mise en place à l'époque à grand renfort de publicité et surtout d'aides des collectivités locales, afin d'opérer de prétendus reclassements des salariés de Thomson. En échange d'une exclusivité de la réparation de la production et du service après-vente, Anovo s'engagea à l'époque à embaucher 160 salariés de Thomson sur trois ans. Pour Thomson Angers, qui cherchait à l'époque à « externaliser les emplois », il s'agissait tout simplement de licencier sans le dire, et de faire au passage l'économie des indemnités de licenciement. Par une série d'externalisations de ce type (vers Anovo, mais aussi vers TTE, Geodis et d'autres) et en utilisant tout un arsenal de pressions sur les salariés, les dirigeants de Thomson firent fondre les effectifs de 1 000 à 350 salariés. À chaque fois il y eut des résistances et c'est ainsi que les 42 premiers travailleurs de Thomson mutés chez Anovo obtinrent, par la grève, non seulement une prime de mutation mais aussi le maintien de leur salaire.

À cette même époque, la direction d'Anovo évoquait même un site de 350 salariés pour 2009 ! De leur côté, l'ensemble des élus locaux, trop contents d'éviter un nouveau plan de licenciements secs, se réjouissaient de cette stratégie du groupe Thomson. Ils tenaient en particulier à éviter un conflit d'ampleur comparable à la lutte qu'avaient menée en 2003 les travailleurs de Bull « externalisés » vers ACT : quelques mois seulement après le passage sous étiquette ACT, les nouveaux patrons avaient décidé de fermer l'usine et de mettre tout le monde à la porte, ce qui avait provoqué une grève dure et marquante à l'échelle de l'agglomération. C'est dans ce contexte qu'Anovo put profiter de nombreuses aides publiques pour s'installer à Angers. Bien entendu, il ne fut jamais question de la part des responsables politiques, qu'ils soient de gauche ou de droite, de demander aux dirigeants d'Anovo les moindres comptes sur leur gestion de cette entreprise, pourtant si généreusement arrosée par l'argent public.

Le 28 juillet dernier, après avoir appris que leur site était menacé de disparition, les 110 travailleurs de l'entreprise, dont la moitié environ sont d'ex-salariés de Thomson, ont débrayé massivement. Dans les semaines qui viennent, ils entendent bien demander des comptes à ces patrons qui se sont moqués d'eux et jouent avec leurs vies.

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