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Leur société
Montreuil : Les expulsés manifestent
« Hier colonisé, aujourd'hui expulsé, toujours exploité, demain régularisé », « La misère n'est pas un délit mais jeter 300 personnes à la rue est un crime ». Les slogans et la colère ne manquaient pas samedi 13 août dans les rues de Montreuil. Plus de 200 personnes étaient venues exprimer leur solidarité et leur ras-le-bol des expulsions et du « mal-logement » : d'abord les expulsés, jeunes travailleurs, précaires, familles venant de plus de onze pays africains.
Ils sont encore près de 260 à occuper un square proche du métro Robespierre, plus nombreux encore qu'après l'expulsion d'il y a deux semaines car ceux qui avaient accepté une quinzaine de nuitées en hôtel se retrouvent de nouveau à la rue.
La manifestation, dynamique, est devenue poignante lorsque nous avons fait un arrêt devant le 94 rue des Sorins, évacué par les CRS le 29 juillet, là l'un des délégués a rappelé que ce sont eux qui avaient aménagé cette ancienne usine, investissant près de 10 000 euros en accord avec la mairie pour installer eau, sanitaires et électricité. Il a poursuivi en évoquant « nos frères qui comme nous risquent leur vie pour venir se faire exploiter en France, cette France qui a colonisé notre continent, qui continue de le piller et qui maintenant nous trie comme des animaux pour chasser ceux à qui on n'a pas donné de papiers ».
Des militants de différentes associations et partis de gauche étaient présents (Dal, PCF, NPA, Lutte Ouvrière, Verts, Anarchistes...) et d'autres expulsés et précaires venus eux aussi témoigner. Tout le monde se souvenait que dans la nuit du 5 au 6 juin dernier un immeuble s'effondrait rue Parmentier, causant la mort de trois personnes. À ce jour les familles rescapées ne sont pas relogées, pas plus que les dix-neuf familles victimes de l'incendie de leur immeuble.
Certains bailleurs particulièrement hargneux n'hésitent pas à faire intervenir des bandes de nervis armés de barres de fer pour expulser et frapper des squatters. On ne compte plus les logements insalubres. Dans le même temps, la spéculation immobilière n'a jamais cessé, les loueurs privés exigent plus de 800 euros pour un F2, plus de 1 100 pour un F3. Si la ville compte encore plus de 39 % de logement sociaux, ce sont plus de 6 000 familles qui attendent parfois depuis des années un logement social. Et comme l'ont dit les manifestants : « On n'habite pas une liste d'attente ».
La mobilisation des expulsés du 29 juillet a forcé le préfet à faire des promesses de relogement pour ceux qui sont régularisés et à étudier le cas des autres. Mais ils ne se contenteront pas de promesses verbales.